Lettre de Mozart à son père à Salzbourg
Manheim, le 12 novembre 1778
Mon Très cher Père !
... Bien sûr, il me faudra
rester là six semaines - ou au plus deux mois ; - la troupe
Seyler est là - que vous connaissez sûrement ''per
renomè" - M. V. Dalberg en est le directeur; - et
il ne me laisse pas repartir avant que je lui aie composé
un duodrama. En vérité, je n'ai pas hésité
longtemps - car j'ai toujours souhaité écrire un
drame de ce genre ; - je ne sais pas si je vous ai parlé
de cette sorte de pièce lorsque j'étais ici pour
la première fois ? - j'ai assisté jadis par deux
fois à une telle pièce avec le plus grand plaisir
! - c'est vrai - rien ne m'a jamais autant surpris ! - J'avais
toujours imaginé que ce genre
ne me ferait
pas d'effet ! - Vous savez qu'on ni chante pas, mais qu'on déclame
et la musique est comme un récitatif obligé - parfois,
on parle aussi sur la musique, ce qui produit un effet merveilleux
; - j'ai vu Medea, de Benda ; celui-ci a également composé
Ariane à Naxos, les deux pièces sont vraiment remarquables
; - vous savez que Benda a toujours été mon favori
parmi les maîtres de chapelle luthériens ; j'aime
tant ces deux uvres que je les emporte avec moi ; imaginez
maintenant ma joie d'avoir à faire ce que j'ai toujours
souhaité ! - Savez-vous ce que je pense ? - on devrait
traiter ainsi la plupart des récitatifs dans l'opéra
- et parfois seulement - lorsque les mots peuvent être
bien exprimés en musique, chanter les récitatifs...
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