Berlioz parle de Reicha

Antonín Reicha eu Berlioz dans sa classe de contrepoint, au conservatoire de Paris.
Peu de temps après la mort du « plus Français des Tchèques » Hector Berlioz écrivit le passage suivant dans son feuilleton du Journal des Débats.

D'un tempérament naturellement froid et porté à l'observation plutôt qu'à l'action, Reicha avait bien vite reconnu que les difficultés, les chagrins, les déboires de toute espèce que le compositeur doit nécessairement rencontrer à chaque pas, en France surtout, avant d'arriver à l'exhibition de ses œuvres, étaient en trop grand nombre pour la persévérance dont il se sentait doué. Prenant philosophiquement son parti, il se détermina donc de bonne heure à profiter de l'occasion quand elle se présenterait mais à ne point perdre son temps ni sa peine à la faire naître, et surtout à ne jamais s'acharner péniblement à sa poursuite. Il écrivait tranquillement ce qu'il lui plaisait d'écrire, accumulant, œuvre sur œuvre, messes, oratorios, quatuors, quintetti, fugues de piano, symphonies, opéras, traités ; faisant entendre les uns quand il pouvait, graver les autres quand ses ressources le lui permettaient, se fiant à son étoile pour le salut du reste, et toujours tranquille dans sa marche, sourd à la voix de la critique, peu sensible à l'éloge ; il n'attachait extérieurement de prix qu'aux succès des jeunes artistes dont l'éducation lui était confiée au Conservatoire et auxquels il donnait ses leçons avec tout le soin et toute l'attention imaginables.

Hector Berlioz, Journal des Débats, 3 juillet 1836

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