Spilberk

Si l'on se promène dans les rues du Vieux Brno, près du Monastère des Augustins ou dans les rues plues larges de la ville moderne de Brno, le regard bute invariablement sur la forteresse du Spilberk, soit qu'elle barre l'horizon à hauteur des yeux, soit qu'en levant la tête, elle s'impose sur cette colline.

Actuellement, nul frisson ne parcourt le promeneur lorsqu'il aperçoit le Spilberk. Mais reportons-nous à la première moitié du 19ème siècle...

Une vague de révolte secouait les territoires italiens dans les années 1820. L'armée et la police autrichienne intervint et captura plusieurs meneurs "carbonari", promoteurs de l'idée de l'unité italienne qui ne se réalisera que dans la décennie 1860 - 1870. Plusieurs de ces carbonari, Maroncelli, Confalonieri, Pellavicini furent emprisonnés loin de leurs terres, à Brünn (Brno), dans la prison de la forteresse du Spilberk. Mais le plus connu, Silvio Pellico, incarcéré pendant huit longues années dans ces cachots, de 1822 à 1830, raconta cette captivité dans un livre resté célèbre, Mes prisons, publié deux ans après sa libération. Ce récit impressionna de nombreux patriotes italiens et raffermit le camp des libéraux souhaitant des réformes de structures dans cette multitude d'états italiens.

Tous les libéraux moraves qui vibrèrent d'espoir aux nouvelles de la révolution parisienne de 1830 et plus encore des révolutions qui essaimèrent dans différentes parties de l'Europe en 1848 puisèrent des arguments supplémentaires dans le fameux livre de Pellico.

L'Empire autrichien, tout autoritaire que fut son pouvoir, ne tarda pas à transiger. Cette forteresse du Spilberk, tant haïe par les libéraux moraves, ferma et une garnison autrichienne, par sa présence dans ce fort, se contenta d'affirmer la puissance autrichienne.

Les militaires défilaient en uniforme dans les rues de la ville. Leoš Janáček, petit pensionnaire au Couvent des Augustins dut assister à ces cortèges plus d'une fois.

En souvenir de ce passé douloureux, et heureusement disparu et en hommage à l'illustre prisonnier qui y séjourna, après la déclaration de la république tchèque, une rue longeant la colline a été baptisée Pellicova.

Spilberk
Sur cette vue ancienne, les bâtiments de la forteresse du Spilberk
pèsent de toute leur puissance sur la ville de Brno

Joseph Colomb - mai 2004

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