Čelanský et la France

Le chef Ludvík Vítězslav Čelanský ne fut pas seulement l'un des pionniers de la Philharmonie Tchèque. Il fut aussi un artiste apprécié à l'étranger, y compris en France, comme l'indique cet article du Courrier Musical du 15 décembre 1911.

Louis-Victor CÉLANSKY

L'habileté surprenante avec laquelle M. Célansky vient de diriger, au théâtre Apollo, le charmant opéra-comique d'Offenbach, Madame Favart, attire de nouveau sur sa personnalité l'attention des musiciens.

Si remarquable que soit ce chef d'orchestre dans l'interprétation de la musique viennoise ou de celle d'Offenbach - qui suffiraient à lui donner des titres dignes de notre admiration - il est juste avant tout de lui assigner son véritable rang, comme artiste et comme musicien. M. Célansky, originaire de Prague, où il fit ses études musicales, est à la fois compositeur, auteur et chef d'orchestre.

Sa carrière de kapellmeister est déjà remplie par des états de service très brillants. II fut successivement premier chef d'orchestre à l'Opéra d'Agram, directeur de l'Opéra de Lemberg, premier chef de l'Opéra Italien de Cracovie, directeur de l'Opéra-Comique de Prague, des Sociétés philharmoniques de Prague, de Lemberg, de Varsovie et de Kiew. Arraché à l'étranger par M. Franck qui, pressentant sa valeur, se l'attacha par de solides liens, il fonda l'an dernier, avec son directeur, les Concerts symphoniques Franck-Célansky qui auront, croyons-nous, de brillants lendemains.

Le secret de l'ascendant qu'il exerce sur son orchestre est dû à des moyens physiques et cérébraux peu communs : son visage exprime avec une mobilité prodigieuse les états successifs de l'âme musicale dont il est possédé et son bras nerveux et souple impose infailliblement l'exécution d'une volonté d'autant plus facilement transmise que le chef dirige de mémoire.

M. Célansky se promet d'inscrire, comme l'an dernier, à ses programmes, des oeuvres de « jeunes » de Russie et de France ! C'est un titre de plus à notre estime et au succès qu'il rencontre.

Article de S.E., Courrier Musical n. 24 du 15 décembre 1911

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