Mon chemin vers Janáček (2)


Un lecteur du site, passionné de longue date par la musique des pays de Bohême, nous apporte son témoignage sympathique sur sa découverte de Leoš Janáček.

Ma rencontre avec Janáček fut le fruit du hasard le plus complet.

J'avais environ une quinzaine d'années et j'étais passionné par un autre compositeur tchèque Antonín Dvořák. Lecteur de la revue "Harmonie", à chaque renouvellement d'abonnement, nous avions droit à un disque gratuit à choisir sur une liste d'une dizaine de microsillons. Lors de ce renouvellement, ma préférence alla automatiquement à une œuvre de Dvořák, désireux de compléter ainsi ma collection de musique de ce compositeur, mais le disque n'étant plus disponible, je me retrouvais donc devant la liste pour un nouveau choix. Ayant vu sur un catalogue publicitaire la figure joviale de Leoš  Janáček et, l'ayant trouvé de ce fait sympathique, mon choix se porta naturellement sur un disque de cantates : Notre père (Otče Náš, IV/29), l'Eternel évangile (Vĕčné evangelium, III/8), Là-haut dans la montagne titre issu d'une traduction hasardeuse, en fait "Au chalet de Solan", (Na Soláni Čarták, III/7) et le choral Seigneur, ayez pitié de nous (Hospodine pomiluj ny, III/5).

L'écoute de ces œuvres fut pour moi un véritable choc, je n'avais jamais rien entendu de semblable, j'ai même eu des réactions physiologiques comme des frissons ou "les poils qui se hérissent", ce fut donc un réel coup de foudre !

cantates
La pochette de mon premier disque Janáček

Depuis (j'ai 48 ans), je n'ai jamais cessé de chercher de nouvelles gravures de Janáček, et grâce au ciel, il est aujourd'hui de plus en plus facile de trouver des enregistrements. Il y a trente ans, c'était très difficile, seul un parcours du combattant chez les différents disquaires parisiens permettait d'engranger quelques précieux vinyles, la plupart étant d'importation.

Le temps a fait son œuvre et Janáček est enfin reconnu comme étant l'un des plus grands compositeurs du vingtième siècle. Les difficultés d'interprétation liées à son écriture ou à la langue ne sont maintenant plus un obstacle pour une nouvelle génération de musiciens qui n'hésitent pas à inclure Janáček dans leur programme.

Il y a fort à parier que, malgré ce choix "hasardeux" d'il y a trente ans, j'aurais découvert tôt ou tard ce merveilleux compositeur.

Michel Pouzadoux - février 2006