Jan (Bohumir) Dlabac ou Gottfried Johann Dlabacz (1758-1820)

Ce moine-historien de la musique est originaire de Cerhenice près de Cesky Brod où il reçoit la base de son éducation musicale avant d’aller au lycée académique de Prague étudier la philosophie, les mathématiques et la physique. Il participe à la fondation du couvent prémontré de Brevnov (aujourd’hui dans Prague), occupe le poste de chantre (Regenschori) sous le nom de frêre Bohumir auprès du maître de chapelle, le compositeur Jan Lohelius Oehlschlägel (1724-1788)[1] au cloître des prémontrés de Strahov situé au dessu du quartier de Mala Strana. Il dirige aussi la musique religieuse de la paroisse Saint Bénédikt et enseigne le chant d’église. Il est ordonné prêtre en 1783, prend les fonctions de copiste de la bibliothèque du cloître puis de bibliothécaire et enfin de directeur de celle-ci (1802). Dlabacz y fonde un département d’histoire. Il succède à Oehlschägel en 1778, travaille en même temps comme archiviste, historien du couvent et est nommé directeur adjoint de Strahov en 1816. Ses travaux lui valent de nombreuses décorations et de prestigieuses nominations

Sa publication la plus considérable est son Allgemeinisches historisches Künstler-Lexikon für Böhmen und zum Theil auch für Mähren und Schlesien, lexique historico-artistique très documenté en langue allemande pour les pays de Bohême et en partie aussi pour la Moravie et la Silésie, achevée en 1814 et éditée en 3 parties à Prague en 1815 chez Gottfried Haas[2]. Ce lexique s’inscrit dans la tradition des travaux de l’historien et prêtre catholique Bohuslav Balbin (1621-1688)[3], humaniste curieux de tout et avide d’un savoir encyclopédique qu’il ne manque pas de citer dans sa préface. Dlabacz réunit ses informations à partir de nombreuses sources comme celles des bibliothèques, des manuscrits, des tableaux et peintures de cloîtres et couvents souvent détruits à cause des réformes de l’empereur Joseph II de Habsbourg, des registres des paroisses, de lecture des journaux et de correspondances personnelles avec des musiciens (Jan Ladislav Dusik, Vaclav Pichl, Jan Jakub Ryba, Jan Krtitel Vanhal…). Il commence à rédiger son lexique à partir de 1787 et publie différentes études préliminaires. Ce lexique contient en plus des biographies de musiciens et instrumentistes de nombreux articles consacrés à des peintres et sculpteurs des 17 et 18èmes siècles originaires ou liés à la Bohême et à la Moravie.

 

Le nom de Dlabacz est aussi resté comme celui d’un écrivain et d’un poète[4] tchèque (sous le pseudonyme de Phylobogus !) admirateur de Josefina Duskova (1754-1824)[5] et d’un traducteur. Il traduit en langue tchèque des cantates, des lieder et des livrets d’opéra, en particulier ceux de La Flûte enchantée (1792) et du mélodrame Médée de son compatriote le compositeur exilé à Gotha Jiri Antonin Benda[6] (1786)[7].

 

Éric Baude, avril 2005




[1] Moine de l’ordre des prémontrés, organiste, compositeur prolifique de musique religieuse (élève de Frantisek Vaclav Habermann ) maître de chapelle au cloître de Strahov.

[2] Réédité par Paul Bergner chez G. Olms Verlag, Hildesheim, 1998 d’après les éditions pragoises de 1815 et 1913.

[3] Jésuite patriote joliment surnommé « Tite-Live de la Bohême » Il publie Miscellanea historica regni Bohemiae.

[4] Il est en relation avec Josefina Dusek.

[5] Frantiska Josefa (Josefina) cantatrice pragoise tchéco-autrichienne élève puis épouse du compositeur Frantisek Xaver Dusek (1731-1799). Les époux Dusek font la connaissance en 1777, à Salzbourg , de Mozart. Mozart séjourne à Prague dans la résidence estivale des Dusek (villa Bertramka) à plusieurs reprises (1787,1789,1791) où il travaille à ses opéras (Don Giovanni, La Clémence de Titus…) et compose des arias ( Bella mia fiamma…)et des lieders pour sa charmante hotesse. F. Duskova s’essaya également à la composition et dessinait d’après Dlabac fort habilement. Elle chanta Ah perfido de Beethoven à Leipzig et se produisit avec le compositeur à Vienne. Peut-être trop généreux, les Dusek connaissent des difficultés financières dans les années 1790 et J. Duskova finit sa vie après la mort de son mari (1799) dans une grande pauvreté. Pour la vie, l’oeuvre et le catalogue des œuvres de F. X. Dusek se référer au livre du musicologue tchèque Vaclav Jan Sykora Frantisek Xaver Dusek, SNKLHU, Praha, 1958.

[6] Jiri Antonin Benda (1722-1795), maître de chapelle à Gotha (en Saxe), un des compositeurs de la famille Benda, personnage original et solitaire. Benda était franc-maçon.

[7] Bohumir Stedron, « Dlabac, Bohumir », Ceskoslovensky Hudebni Slovnik, Praha, SHV, 1963, p. 243.


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