HANTICH, Henri (Jindřich) (1855-1919)
Propagateur enthousiaste des relations franco-tchèques


Après des études générales au lycée de Prague, Henri Hantich choisit de commencer une carrière artistique. En 1882 il chante la partie de première basse dans la société musicale fondée par Jan Pištěk (1) et fait la connaissance de Camille Saint-Saëns lors de sa visite à Prague en 1886. Il séjourne alors une année à Paris où il se consacre à la fois aux arts et à l’étude de l’histoire et de la littérature française au Collège de France. Il revient par la suite enseigner le français à l’Ecole de Commerce tchèque et mène des activités d’écrivain et de traducteur dans sa ville natale liées à sa passion de rapprocher et de créér des échanges culturels intenses entre la France et la Bohême. Il tentera courageusement mais malheureusement vainement de faire représenter La Fïancée vendue (Prodana nevěsta) de Smetana à Paris en 1907 (2). H. Hantich participe à l’organisation de la venue de la Société Chorale des Instituteurs Moraves  dans la capitale française en 1908.
Il fut un collaborateur de la Revue Musicale dans laquelle il rédige plusieurs articles sur les compositeurs tchèques. Il écrira également dans celle-ci la nécrologie d’A. Dvořák.

Son livre LA MUSIQUE TCHÈQUE, publié conjointement à Prague chez l’éditeur F. Urbánek et à Paris à la Librairie Nillson, (en 1907 ?) est préfacé par Jules Combarieu, Chargé de cours d’Histoire de la Musique au Collège de France et Directeur de la Revue Musicale. Henri Hantich dédie cette publication à Madame Ernest Denis. Il contient un chapitre sur LA MUSIQUE EN BOHÊME, des biographies avec portraits et de brefs extraits d’œuvres manuscrites de B. Smetana, A. Dvořák (3), Z. Fibich, de courtes biographies de divers compositeurs et personnalités musicales tchèques, K. Bendl, J. Rozkošný, K. Šebor, O. Hostinský, F. Pivoda, B. Knittl, E. Chvála, V.J. Novotný, Z. Nejedlý, des informations sur le Conservatoire de Prague, un chapitre sur de jeunes compositeurs et chefs d’orchestre tchèques de l’époque, K. Kovařovič, J. Foerster, V. Novák, J. Suk, O. Nedbal, J. Weiss, L.V. Čelanský, O. Ostrčil, un Supplément musical contenant des œuvres et des réductions d’œuvres pour piano, voix et piano de Smetana, Dvořák, Fibich, Bendl, Kovařovič, Foerster, Novák, Suk, Ostrčil ainsi que des Chants nationaux tchèques, moraves et slovaques de J. Malát, F. Pivoda et V.J. Novotný traduits par Henri Hantich en français.
Un exemplaire du livre est conservé et consultable à la Bibliothèque Nationale de Paris sous la cote Vma 7613.

Nous nous permettons de citer quelques extraits de la préface de Jules Combarieu :
« Prague, la « ville aux cent tours », fièrement émancipée de l’influence allemande, métropole des slaves autrichiens et balkaniques, liée à la France par de grands souvenirs et dont le cœur bat aujourd’hui à l’unisson de Paris, -Prague, si justement jalouse de tout ce qui fait d’elle une personne morale indépendante, nous apparaît surtout à nous, ses amis d’occident, comme une cité de patriotisme ardent et chevaleresque... »
« La musique tchèque est encore très peu connue à Paris. Le nom de Dvořák, est presque le seul qui ait figuré sur les programmes de nos grands Concerts… »
« Les lacunes de nos connaissances viennent de ce que nous sommes peu familiers avec la langue de nos amis de Bohême. Nous n’avons guère fait de progrès depuis le temps où il y avait à Paris, au théâtre italien, un chef d’orchestre tchèque nommé Skoczdopole, qu’on appelait, par simplification excessive Sébastopol… » (4)
« Mon vœu - et je me borne à reprendre celui d’une princesse célèbre - est qu’avec son habituel libéralisme artistique, M. Carré [Directeur de l’Opéra-Comique] nous donne la Fiancée vendue; elle s’impose, en quelque sorte, par sa renommée. Sa délicieuse musique a été ainsi définie : Un rayon de soleil d’Italie irisant un verre en cristal de Bohême… »

Autres publications d’Henri Hantich :

-Pariz, Praha, 1889
-Průvodce výstavou pařížskou a franc. česká konverzační knižka, Praha, 1889
-Histoire sommaire de la langue française, Prague, 1890
-Grammaire tchèque, à l’usage des français, Paris, E. Leroux
-Guide à l’exposition jubilaire de Prague, Prague, 1890.
-Prague et ses environs, Prague, Jos. R. Vilímek, 1891
-Grammaire française à l’usage des Tchèques, Prague, Řivnáč
-La Bohême d’aujourd’hui, Paris, Plon
-Jean Huss, Prague, ed. Unie
-La révolution de 1848 en Bohême, Lyon, ed. Schneider
-Le droit historique de la Bohême, Paris, ed. Chevalier-Marescq
-L’art tchèque au XIXe siècle, Paris, Per Lamm succ., Prague, F. Topič
-Le génie de la France, Prague, Řivnáč
-Prague (Histoire- Arts-Economie), Paris, Per Lamm succ., Prague, F. Topič
-Le Théâtre National, Prague, 1895
-Guide à l’exposition ethnographique, Praha, 1895


Sources :

-Československo Hudební Slovník (Černušák, Gracian, Štědroň, Bohumír, Nováček, Zdeňko), Shv, Praha, 1963
-OTTŮV SLOVNÍK NAUČNÝ, Praha, 1896, VYDAVATEL A NAKLADATEL J. OTTO V PRAZE, DESATÝ DÍL, p. 868.

Eric Baude, Brno, avril 2006

Notes

1. 1847-1907, chanteur et Directeur de théâtre.

2. B. Smetana est mort en 1884 et son opéra a été créé à Prague en version originale (2 actes) le 30 mai 1866.

3. A propos d’A. Dvořák, Henri Hantich propose ces traductions pour les titres des œuvres suivantes :
Čert a Kača : Le Diable et la Luronne
Rusalka : La Naiade
Tvrdé palice : Les Têtus
Šelma sedlák : Le Paysan matois
Král a uhlíř : Le Roi et le Charbonnier
Čarodejnice : La Sorcière
Vodník : L’Ondin
Zlatý kolovrat : Le Rouet doré
Holubice : Le Pigeonneau
Píseň bohatire : Le Chant héroïque

A noter que le titre original de certaines de ces oeuvres a aujourd'hui été modifié pour respecter l'esprit du compositeur.

4. vraisemblablement Jan Daniel Skočdopole, originaire de Příbram.