Qui se souvient de Kalivoda aujourd'hui ou peut citer son nom parmi les compositeurs tchèques ? Ce compositeur pragois eut pourtant son heure de gloire et jouit d'une grande popularité entre 1830 et 1860. Sa situation chronologique lui permet de faire une transition intéressante entre les derniers compositeurs tchèques de la fin de la période classique et d'un premier romantisme comme F. Kramář-Krommer (1759-1831), V. Jírovec (1763-1850), V. J. K. Tomášek (1774-1850), J.V. Vořsišek (1791-1825), V. Másek (1755-1831), A. Rejcha (1770-1836) et le monde musical des éveilleurs, épris de liberté et d'indépendance d'esprit au premier rang duquel se trouve bien sûr la figure emblématique de B. Smetana (1824-1884).
Le conservatoire de Prague est fondé en 1811. Kalivoda y est admis à l'âge de 10 ans, parrainé par le prince Thurn und Taxis, s'inscrit dans les classes de violon de F.W. Pixis (1785-1842) et de composition de B.D. Weber (1766-1842). Il n'y a pas de lien de parenté entre celui-ci et C.-M. von Weber (1786-1826). B.D. Weber est directeur et professeur du conservatoire de Prague lorsque C.-M. von Weber est à la tête de l'orchestre de l'opéra de la capitale tchèque (1813-186) mais les deux hommes ne se fréquenteront pas. Kalivoda progresse si rapidement qu'il va donner des concerts en soliste dès l'âge de 14 ans, obtient une bourse du meilleur élève du conservatoire.
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Jan Křtitel Václav Kalivoda (1801-1866) |
Et en 1815 il conclut brillamment ses études et rejoint l'orchestre du Théatre des Etats (Stavoské Divadlo, où fut créé le Don Giovanni de Mozart sous sa direction) dirigé par C.-M. von Weber. En décembre 1821 il donne un concert d'adieu pour le public pragois en programmant son concerto pour violon opus 9 dédié à son professeur du conservatoire. Kalivoda quitte sa ville natale pour commencer un voyage qui le conduira en Autriche, Allemagne, Suisse, Hollande... Dès son séjour à Münich, le Prince K. E. II de Fürstenberg lui propose de le nommer Maître de Chapelle et de diriger l'orchestre de la cour de Donaueschingen après le départ de K. Kreutzer. Kalivoda s'y installe avec sa famille en 1822. Entre temps, il s'est marié à Prague avec la chanteuse Thérèse Brunetti. Son engagement stipule qu'en plus de la direction de l'orchestre de la cour, il a également sous sa responsabilité le service musical à la cathédrale, des cours de musique à assurer auprès des enfants du prince et doit donner encore des concerts en soliste et faire entendre ses uvres. Toutefois on lui laisse la liberté de 2 à 3 mois par an pour des voyages d'études ou des tournées de concerts. Le prince lui a offert un Stradivarius. Pendant plus de 40 ans au service de cette cour, Kalivoda ne ménage pas ses efforts pour donner à Donaueschingen une renommée musicale, dirige des opéras de Mozart, Rossini, Cherubini, ses propres uvres lyriques et symphoniques, invite des musiciens comme F. Liszt, R. et K. Schumann. Nombre de ses amis, rencontrés lors de ses mois de liberté et de tournées viennent le voir.(Il est resté jusqu'il y a peu de temps une très belle bibliothèque musicale, témoignage de l'importance de la vie culturelle à la cour des Fürstenberg au 18ème et 19ème siècles). Malheureusement la révolution de 1848 et la propagation de ses idées en Allemagne interrompt brutalement la vie musicale. L'orchestre est dissous et en 1856 le théâtre est détruit à son tour. Kalivoda s'est replié avec sa famille sur Karlsruhe en attendant des jours meilleurs. Il revient à Donaueschingen en 1857, tente de réunir un nouvel orchestre, essaie de renouer avec le succès d'avant la révolution mais en vain. Kalivoda fait ses adieux de chef d'orchestre à Prague le 7 juillet 1858 pendant le festival du Conservatoire. Le public pragois qui ne l'a pas oublié lui témoigne sa reconnaissance et son attachement pour sa musique. Son fils Wilhem (1827-1893), chef de chur de la cathédrale, l'accueille à Karlsruhe jusqu'à la fin de sa vie.
Kalivoda fut tenu en haute estime pendant toute son existence. Il recut des propositions d'enseigner et de travailler dans de grandes institutions musicales allemandes et tchèques (Leipzig, Cologne, Mannheim, Prague...), plusieurs titres honorifiques de sociétés musicales prestigieuses.
Il y a sans aucun doute des affinités entre la musique de Kalivoda et celle de F. Kramář (Krommer). Les mêmes sources d'inspiration, une culture commune se font sentir chez l'un et l'autre. Tous deux eurent une production prolifique (plus de 300 compositions pour Kalivoda dont 2 opéras) mais aussi un goût partagé pour une musique d'un caractère léger, divertissant encore plus marqué et conventionnel chez Kalivoda que chez Krommer. L'uvre de Kalivoda fait la part belle aux symphonies (7), aux ouvertures (18), aux concertos pour violon et piano, aux messes (10) et à la musique de chambre de salon. Sa musique pour instrument à vent (flûte, hautbois, clarinette, cor et basson) contient d'agréables divertissements sans autre prétention de discours musical que la mise en valeur de la musicalité et de la virtuosité de l'interprète.
Miroslav Hosek recense plusieurs uvres pour hautbois :
Bodo Koenigsbeck recense les uvres pour basson suivantes :
Autres uvres pour vents :
Eric Baude, septembre 2002
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Jan Křtitel Václav Kalivoda (1801-1866) |