A propos du concerto pour hautbois en fa majeur opus 37 de Franz Krommer (1759-1831)

Le concerto pour hautbois et orchestre en fa majeur opus 37 de Franz Krommer (ou selon l'orthographe tchèque d'origine František Vincenc Kramář qu'on peut traduire par François Vincent Mercier, germanisé selon les nécessités d'alors en Franz Vinzenz Krommer) est le premier des deux concertos pour hautbois et orchestre écrits par le compositeur morave. Le second concerto, plus connu, également en fa majeur porte le numéro d'opus 52.

Le manuscrit autographe du concerto opus 37 n'a pas été retrouvé.

Le concerto opus 37 se situe au milieu d'une production abondante d'œuvres pour instruments à vent solistes, à savoir un concerto pour 2 clarinettes et orchestre en mi-bémol majeur opus 35, un concerto pour clarinette et orchestre également en mi-bémol majeur opus 36, notre concerto pour hautbois en fa majeur opus 37, deux concertinos pour flûte et hautbois et orchestre en fa majeur et sol majeur opus 38 et 39. Cette production pour instruments à vent solistes semble dater de la même période viennoise après le retour en 1795 de F. Krommer dans la capitale du classicisme musical. Quelques incertitudes demeurent toutefois quant à la fiabilité de certains numéros d'opus.

Le concerto pour hautbois est vraisemblablement composé dans les années 1801-1803. Il est publié pour la première fois en 1803 chez l'éditeur allemand Johann Anton André (1775-1842) à Offenbach sur le Main. Un grand nombre de compositions de F. Krommer ont été publiées chez cet éditeur. Dans cette édition de 1803, le concerto pour hautbois opus 37 porte le titre suivant : Concerto pour hautbois dédié à Monsieur Joseph Czervenka, premier hautbois de la Chapelle de sa Majesté Impériale et Royale par F. Krommer œuvre 37 - A Offenbach chez J. André n. 1719. La dédicace s'adresse au hautboïste tchèque Joseph Czervenka (1759-1835) qui avait le même âge que F.Krommer et était alors au sommet de sa carrière viennoise. Il occupait les postes de premier hautbois dans l'orchestre de la cour et dans l'harmonie impériale, le plus prestigieux des ensembles à vent du moment où il avait probablement succèdé à un autre hautboïste d'origine tchèque Jan Vent (1745-1801). Il n'est pas improbable que Krommer et Czervenka se soient connus bien avant de se retrouver à Vienne. Joseph Czervenka joua dans l'orchestre du Comte Schafgotsh à Johannisberg de 1775 à 1783. Il entra ensuite au service des princes Eszterhazy comme premier hautbois de leur excellente harmonie qui fut active de 1750 jusqu'à 1813. Il est renvoyé en 1790 avec son frêre Franz, bassoniste et les autres musiciens de l'harmonie (restriction des dépenses ?). Tous sont réintégrés en 1794. F. Krommer était également en poste dans les 1790 en Hongrie et c'est dans ce pays qu'il avait fait ses premières expériences de directeur d'ensembles à vent et qu'il pourrait avoir écrit ses premières compositions pour ce type de formation.

Une seconde édition du concerto pour hautbois a été réalisée à Paris ultérieurement d'après l'édition de J. André chez Madame Duhan et compagnie, éditeurs. Un exemplaire de cette publication est conservé au Département de Musique de la Bibliothèque Nationale de France sous la cote Vm 24 161. Cette édition française confirme que la réputation de Krommer avait déjà à cette époque dépassée les frontières et que sa musique connaissait un succès croissant. Lui-même était considéré et respecté par ses pairs de Vienne.

Les concertos pour hautbois opus 37 et 52 de F. Krommer présentent de nombreuses similitudes avec des œuvres de ses contemporains et particulièrement certains des concertos de Mozart. Mais plus encore que chez Mozart, l'écriture krommerienne puise à la source généreuse de la tradition et de l'école tchèques pour les instruments à vent. C'est chez Josef Fiala (1750-1816), hautboïste et compositeur (ses concertos pour hautbois et cor anglais sont des modèles du genre), chez Franz Anton Rosetti (1750-1792), Jan (1717-1757) et Karel Stamic (1745-1801) que Krommer trouve ses références.

Il s'agit de musiciens issus d'une culture et d'une sensibilité communes et d'une éducation spécifique à la Bohême et à la Moravie qui ne se retrouve nulle part ailleurs.

Dans une lettre datée de 1798, le compositeur et chef d'orchestre tchèque en poste à Vienne, Pavel Vranický (1756-1808) écrivait que F. Krommer « joue du hautbois, du fortepiano et du cymbalum avec une grande dextérité (sic !). » Malheureusement aucune autre source connue ne vient confirmer cette hypothèse intéressante.

F. Krommer a été nommé en 1818 membre d'honneur du Conservatoire de Paris et membre de la très célèbre Wiener Gesellschaft der Musik.

Autre source : copie manuscrite du conducteur, Fonds de Musique Tchèque, Prague 1975 n. 6412

Orchestration du concerto : hautbois solo, flûte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes

Eric Baude, octobre 2002

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