Voici de très larges extraits d'une lettre qu'Olga a expédiée à la famille Sládek dont Karel Žak m'a confié une copie. Cette lettre date soit de la fin d'année 1901, soit de la même période de 1902.
Il est très
symptomatique de
remarquer la connotation religieuse qu'introduit Olga à
propos
de
la fête de Noël. Cela ne doit pas nous
étonner
puisque Zdenka, sa mère, pratiquait
régulièrement.
Elle avait inculqué à sa fille les croyances
religieuses qu'elle tenait de sa propre éducation
alors
que Leoš manifestait une certaine
indifférence
envers la religion. Cependant il n'entravait pas les convictions de sa
fille
bien-aimée la qualifiant de "plus bel ange" alors qu'elle
luttait contre la maladie qui allait l'emporter.
Remarquons les diminutifs employés par Olga pour
désigner
les deux petits enfants - Vincenc l'aîné de cinq
ans et sa
petite sœur Ludmila - qui témoignaient de la
familiarité et de l'affection que la "demoiselle" leur
portait
pour quasiment reprendre le terme avec lequel elle se
présentait
aux enfants. Remarquons égalemnt la
déférence qu'
inspirait aux enfants, ce qui peut se comprendre dans le contexte
de l'époque, mais aussi à leurs parents, ce
Monsieur de
la ville, auréolé par son prestige de professeur
et de
compositeur. Ce qui n'empêchait pas de véritables
sentiments entre eux. La musique joue son rôle dans cette
lettre.
Le petit Vincenc, âgé alors de 6 ou 7 ans,
apprenait
à jouer du violon sur un instrument, semble-t-il offert par
Janáček. Un peu plus tard, il séjourna
à Brno pour
des études qui s'avérèrent
négatives. Ses
dons musicaux ne s'épanouirent pas, mais la cohabitation du
compositeur avec la famille Sladek et l'amitié qui s'en
suivit
contribua à intéresser ses membres à
son art.
Karel Žak, fils de Ludmila, après avoir
exercé la profession de conducteur de camions, et
occasionnellement joué du piano au sein d'un ensemble
amateur, revint à la musique en tant que facteur
d'instruments
qu'il pratique dans la maison familiale. Quant aux cerfs abattus par le
père des deux enfants, ils nous rappellent la profession de
celui-ci : garde-chasse.
Ci-dessous, extrait de cette lettre
Ces deux missives, même dans leur
brièveté, nous
éclairent sur les rapports affectueux établis
entre la
famille de Janáček et la famille Sládek.