Dans le musée Smetana de Prague on peut encore voir la lettre manuscrite où le compositeur décrit les différentes œuvres qui composent son cycle symphonique Má vlast (Ma patrie). Nous vous proposons ici la version française de ces textes originaux, dans une nouvelle traduction aimablement réalisée pour nous par Renata Daumas.
Les harpes du prophète introduisent
l'œuvre, puis le chant du prophète
décrit les événements
passés de Vyšehrad, sa gloire, sa splendeur, ses
tournois, ses luttes et enfin sa décadence et ses ruines.
L'œuvre finit dans un ton élégiaque.
L'œuvre raconte le cours de Vltava
débutant par ses deux sources (la froide et la chaude),
l'union des deux petits ruisseaux en un seul courant.
Ensuite sa traversée par les bocages, les prairies, les
contrées.
Là on festoie dans la gaieté ;
là au clair de la lune, une danse des ondines ; sur
les rochers tout proches des châteaux forts, des
châteaux, des ruines se dressent fièrement.
La Vltava tourbillonne dans les courants de Saint Jean et continue
à s'écouler comme une large rivière
vers Prague, Vyšehrad fait son apparition, finalement son
courant majestueux disparaît dans celui de l'Elbe.
Dans cette œuvre on n'évoque pas le
paysage, mais l'action. La légende d'une jeune fille
nommée Sárka.
L'œuvre commence par le récit de la fille furieuse
qui voue à la vengeance à toute la gent masculine
à cause de l'infidélité de son amant.
De loin on entend l'arrivée de Ctirad, avec ses compagnons
d'arme, qui viennent pour soumettre et punir les filles.
Déjà de loin on entend les pleurs (quoique
rusés) d'une fille, attachée à un
arbre. En la regardant, Ctirad admire sa beauté, s'enflamme
pour elle et la libère.
Elle le divertit en lui offrant une boisson qu'elle a
préparée et grise Ctirad et ses compagnons
jusqu'à les endormir.
Au signal convenu du cor, auquel les filles, cachées plus
loin, répondent, celles-ci se ruent pour accomplir une
action sanglante - l'horreur du massacre général,
la fureur de la vengeance assouvie de Sárka, ainsi se
termine cette œuvre.
C'est un tableau général des sentiments
suscités par l'observation du pays tchèque.
De tous côtés on entend résonner le
chant plein de ferveur, tantôt gai, tantôt
mélancolique, des bois et des prés.
Le pays couvert de forêts dans les soli des cornistes, les
plaines riantes et fertiles le long de l'Elbe, etc. etc., tout est
chanté...
À chacun de se faire une image à son
goût de cette œuvre. Le poète a la
liberté de laisser aller son imagination, bien qu'il doive
veiller à respecter tous les détails de
l'œuvre.
Motto : Vous qui êtes des combattants de Dieu
Toute la construction de l'œuvre repose sur ce chant
majestueux.
Dans la place forte Tábor on entendait ce chant certainement
le plus souvent et le plus fort possible.
L'œuvre relate également la ferme
volonté, les luttes victorieuses, la constance, la
persévérance, l'opiniâtreté,
par la quelle l'œuvre se termine. Il n'est pas possible de la
décortiquer en détail mais elle englobe la gloire
et l'éloge des combats hussites et
l'inflexibilité du caractère hussite.
C'est une continuité de l'œuvre
précédente Tábor.
Les héros hussites, après avoir
été vaincus, sont cachés dans
Blaník. Dans un lourd sommeil ils attendent le moment de
pouvoir secourir la patrie.
Le mêmes motifs donc, tout comme dans Tábor,
servent dans Blaník de base pour l'œuvre :
« Vous qui êtes des combattants de
Dieu ». Sur la base de la mélodie (de ce
principe hussite) se développe la résurrection de
la nation tchèque, le bonheur et la gloire futurs, par cet
hymne victorieux en forme de marche finit l'œuvre ainsi que
tout le cycle des poèmes symphoniques Ma patrie.
En court intermède, dans cette œuvre retentit une
courte idylle, une esquisse de l'emplacement de Blaník, un
petit berger crie et joue, et l'écho lui répond.
Voici des photographies (autorisées !) de l'original ayant servi à cette traduction. Cliquez sur une vignette pour avoir l'agrandissement de la lettre autographe.