Les trésors du carton : la lettre de Stokowski

Au milieu du fatras des Mémoires en désordre, je trouvai une lettre dactylographiée. Datée de février 1954, elle demandait l'avis d'Enesco sur des modifications de la première rhapsodie. Et la signature alambiquée, baroque, incompréhensible, était accompagnée de ce nom : Leopold STOKOWSKI !

Par Alain Chotil-Fani

La lettre de Stokowski

 

J'avais entre les main une lettre originale de Stokowski, le grand chef d'orchestre superstar aux États-Unis, connu même des enfants américains pour avoir dirigé dans Fantasia de Walt Disney ! Stokowski était adepte des partitions virtuoses et grand public qui pouvaient mettre en valeur son art. Pendant ses concerts, il demandait que ses mains soient éclairées pour que leur ombre soit projetée en grand sur les murs de la salle.

Extraordinairement populaire outre-Atlantique, il fit de la première rhapsodie roumaine l'un de ses chevaux de batailles favoris. Aujourd'hui encore, bon nombre d'Américains connaissent Enesco grâce à Stokowski.

Cette lettre était ornée d'un élégant paraphe qui, je l'appris plus tard, était de la main d'Enesco en personne et signifiait : "lu !".

Ce document devait rejoindre les autres témoignages sur la vie du compositeur. Aussi je profitai d'un court séjour à Bucarest pour remettre la lettre de Stokowski au Musée Georges Enesco, aujourd'hui situé dans l'ancienne villa de Maruca.
J'eus droit à quelques remerciements sincères et à une visite gracieuse du Musée, que je connaissais déjà fort bien... mais que j'acceptai pour ne pas décevoir l'aimable directrice adjointe qui comptait de la sorte manifester sa reconnaissance.

Je reçus, bien des mois plus tard, une lettre de remerciements en bonne et due forme de la directrice. Mais quand je revins à Bucarest pour retrouver "ma" lettre de Stokowski avec, peut-être, le nom du généreux donateur, le Musée était fermé à la visite pour cause de tournage de film... policier. Et personne, à l'accueil, ne put - ou voulut - me renseigner sur le sort de cette lettre. Et aujourd'hui encore je ne sais si elle a trouvé sa place d'exposition dans l'ancienne maison de Marouca.

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