Quelques anecdotes

Ryba à propos de lui-même

Mon bienfaiteur et véritable ami, P. Leopold, me dit une fois :

"Mon petit gars, j'ai besoin d'un quatuor pour un ami à qui j'ai donné ma parole. As-tu envie de l'écrire ?"
"Quand doit-il être prêt ?"
"Pour dimanche, ça suffira."
"Je l'écrirais bien aujourd'hui !"
"Bon, mets-toi à sa composition, et pendant ce temps moi je lirai la Bible."

Je me mis au travail pendant que P. Leopold arpentait la pièce. Je commençais à écrire pour le violoncelle.

"Que fais-tu ? demanda-t-il."
"Eh bien, je dois d'abord établir la structure de l'œuvre. Pour le reste, je n'ai pas d'inquiétude".

Il s'assis alors près de moi et observa mon travail, puis lança enthousiaste :

"Je n'ai jamais encore vu ça de ma vie !"

Le soir, on jouait mon quatuor. Quelques gens d'église avaient été invités. Ils furent très surpris de ma maîtrise de la composition.

Pendant les années d'étude à Prague

En ce temps-là, j'allais souvent à l'opéra. Comme j'avais très peu d'argent, je ne pouvais m'offrir que le poulailler. Malgré cela, j'étais peut-être le plus attentif de tous les spectateurs. Afin que je puisse m'abandonner de toute mon âme et de tout mon cœur, sans aucun dérangement aux harmonies de la musique, je me couvrais de mon manteau de telle manière que seules mes oreilles écoutaient. Souvent il n'y avait déjà plus personne autour de moi lorsque je me réveillais de cette douce rêverie. Peut-être serait-ce là la plus belle mort, si je mourrais dans cet état. La force de la musique est miraculeuse. L'opéra n'était pas le lieu où je passais les plus longs moments. Mon endroit préféré était l'école. J'y avais rencontré le langage de la beauté musicale et j'avais tenté de l'acquérir. Il en est ainsi jusqu'à aujourd'hui. Pendant mes brefs séjours à Prague je fréquente avec empressement les concerts dans les églises, l'opéra et la musique de chambre.

Souvenirs d'enfance

Un Salve de Dittersdorf fut chanté une fois pendant les vêpres. En un instant j'étais décidé. J'écrirai un Salve d'après celui-ci. En quatre jours, j'avais composé l'hymne. Je le montrais à mon père. Il le regarda, secoua la tête.

"Bien, bien, dit-il. Mais c'est un peu long. Je le raccourcirai."

Je fus comme foudroyé ! Quelques jours plus tard, mon Salve estropié fut exécuté. Je reçus des louanges de tout côtés, mais mon cœur restait sans enthousiasme.

Souvenirs de Jakub Jan Ryba à propos de sa première composition conséquente, écrite à l'âge de 9 ans.

Eric Baude, Tours, mai 2002

Source : Jan Nemecek, Jakub Jan Ryba, la Vie et l'œuvre, édition SHV Prague 1963.

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