Week-end tchèque

Orchestre de la Philharmonie Tchèque

A l'occasion de la résidence parisienne de la Philharmonie Tchèque et de son chef Vladimir Ashkenazy, la Cité de la Musique nous a transmis cet article.

Vladimir Ashkenazy, Hélène Grimaud, Lukas Vondraček

Du vendredi 15 au dimanche 17 novembre 2002

Trois figures marquantes de la musique tchèque de ces deux derniers siècles côtoient la France musicale de la première moitié du XXe siècle : Antonín Dvořák, influencé par son ami Johannes Brahms, incarne la période romantique et le réveil national ; Leoš Janáček, unanimement reconnu après la création de la République Tchécoslovaque au lendemain de la Première Guerre mondiale, œuvre dans un contexte spécifiquement populaire et exalte les sentiments de ses concitoyens ; Bohuslav Martinů, sûrement le plus influencé par la musique française (il eut pour maître Albert Roussel dans les années vingt), s'affirme quant à lui comme un grand symphoniste classique, fidèle à son terroir natal malgré un long exil.

La Philharmonie Tchèque est l'orchestre de référence pour ce type de répertoire qui requiert un respect des rythmes, un sens des contrastes et une couleur de timbre particulièrement aiguisés. Elle est conduite par Vladimir Ashkenazy, également pianiste raffiné, au jeu d'une grande sobriété. Il aura l'occasion de clore ce dialogue en dirigeant du piano l'ultime Concerto n. 27 de Mozart qui ouvre de nouvelles perspectives dans l'évolution esthétique du génie autrichien.

Avec le soutien du ministère de la Culture tchèque et de l'Association française d'action artistique (AFAA), dans le cadre de Bohemia Magica, une saison tchèque en France.

Article p. 14 de Cité musiques n.40 (octobre, novembre décembre)

Vendredi 15 novembre, 20h - Orchestre de la Philharmonie Tchèque

Salle des concerts

Vladimir Ashkenazy, direction
Hélène Grimaud, piano

Leoš Janáček
La Petite Renarde rusée, suite d'orchestre

Maurice Ravel
Concerto pour piano en sol majeur

Antonín Dvořák
Symphonie n. 7

Tarif : 25 euros

Samedi 16 novembre, 20h - Orchestre de la Philharmonie Tchèque

Salle des concerts

Vladimir Ashkenazy, direction
Elisabeth Batiashvili, violon

Bohuslav Martinů
Fresques de Piero Della Francesca

Antonín Dvořák
Concerto pour violon

Claude Debussy
Jeux

Albert Roussel
Bacchus et Ariane, suite n. 2

Tarif : 25 euros

Dimanche 17 novembre, 15h - Lukas Vondraček, piano

Salle des concerts

Bedřich Smetana
Au bord de la mer
Macbeth et les sorcières

Claude Debussy
Pour le piano

Leoš Janáček
Dans les brumes

Bohuslav Martinů
Fenêtre sur le jardin

Klement Slavicky
Trois pièces pour piano

Tarif : 16 euros

Dimanche 17 novembre, 17h - Orchestre de la Philharmonie Tchèque

Salle des concerts

Vladimir Ashkenazy, direction et piano

Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour piano n. 27

Antonín Dvořák
Sérénade pour cordes

Tarif C (20 euros)

Forfait pour les deux concerts couplés du dimanche 17 novembre : tarif 25 euros

Réservations : 01 44 84 44 84 ou www.cite-musique.fr

Biographies et photos sur www.cite-musique.fr/presse

Contact presse
Philippe Provensal
Tél : 01 44 84 45 63
pprovensal@cite-musique.fr

Vladimir Ashkenazy

On a souvent rapporté que pour Vladimir Ashkenazy la musique était indivisible. En atteste son engagement passionné dans de nombreux aspects différents de la création musicale, que ce soit comme chef d'orchestre, pianiste de récital, musicien de chambre ou comme artisan de grands projets englobant tout le champ des activités musicales.

Il consacre la première partie de sa longue vie de musicien au piano. S'appuyant sur ses études à la Central School of Music et au Conservatoire de Moscou et sur les succès que représentent son second prix au Concours Chopin de Varsovie en 1955 et ses premiers prix au concours de la Reine Elisabeth à Bruxelles en 1955 et au concours Tchaïkovski de Moscou en 1962, il passe trois décennies en tournée dans les plus grands centres musicaux du monde. Il interprète un répertoire toujours plus important en récitals et concertos et donne des concerts avec des musiciens de chambre tels que Itzhak Perlman, Pinchas Zukerman, Lynn Harrell, Elisabeth Soederstroem, Barbara Bonney et Matthias Goerne. Pendant cette période, il construit l'un des plus grands et des plus exhaustifs catalogues phonographiques de notre époque. Celui-ci comprend presque toutes les œuvres majeures du répertoire pour piano.

Depuis les années 70, il est devenu de plus en plus actif en tant que chef d'orchestre et a occupé des fonctions auprès du Philharmonia Orchestra (Principal Chef Invité), du Royal Harmonic Orchestra (Directeur musical), du Cleveland Orchestra (Principal Chef Invité) et du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin (Principal Chef et Directeur musical). En outre, il a été invité à se produire avec quelques uns des plus grands orchestres du monde parmi lesquels le Philharmonique de Berlin, le Boston Symphony, le Los Angeles Philharmonic, le San Francisco Symphony, le Philadelphia Orchestra et le Concertgebouw.

En janvier 1998, Ashkenazy devient chef de l'Orchestre Philharmonique Tchèque. Il se consacre depuis à tout un éventail de tournées, d'enregistrements et de projets spéciaux dans le but d'attirer une attention méritée sur ce grand orchestre à la tradition musicale riche et unique. A l'automne 2002, Ashkenazy donnera ainsi des concerts à Amsterdam, Londres, Paris (il est en résidence pour trois concerts à la Cité de la Musique) et au Japon. Au printemps 2003, il emmènera en tournée un projet autour de Prokofiev et Chostakovitch à Cologne, New York et Vienne.

à côté de son travail avec l'Orchestre Philharmonique Tchèque, il occupe désormais le poste de Directeur musical du European Union Youth Orchestra avec lequel il tourne chaque saison. Il continue à entretenir une relation toute particulière avec le Philharmonia. Il en est aujourd'hui le Chef d'Orchestre Lauréat. C'est d'ailleurs avec cet orchestre qu'en janvier 2002 il figure au programme d'un festival Rachmaninov pour trois concerts au Lincoln Center à New York, et cette saison ils iront ensemble à Moscou et au Japon et présenteront un projet au South Bank qui marquera le cinquantième anniversaire de la mort de Prokofiev et explorera la relation entre la musique de ce denier, celle de Chostakovitch et la dictature communiste.

Vladimir Ashkenazy continue aussi à donner des concerts en tant que pianiste dans toute l'Europe, en Asie et en Amérique et à ajouter à son catalogue d'enregistrements des publications majeures comme celle, récemment saluée par la critique, de l'intégralité des Préludes et Fugues de Chostakovitch, qui a remporté le Grammy Award de la meilleure interprétation instrumentale de soliste (sans orchestre).

Hélène Grimaud

Née à Aix-en-Provence, Hélène Grimaud commence à étudier la musique au Conservatoire de sa ville natale et continue à Marseille avec Pierre Barbizet. A treize ans, elle est acceptée au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où elle suit les cours de Jacques Rouvier, Gyorgy Sander, et Leon Fleischer.

1987 marque un tournant décisif dans sa carrière avec des représentations au Midem de Cannes et au festival de piano de la Roque d'Anthéron. C'est aussi l'année de son premier récital à Tokyo et un concert avec l'Orchestre de Paris à l'invitation de Daniel Barenboim.

Hélène Grimaud se produit régulièrement dans la plupart des centres musicaux les plus importants avec les plus grands orchestres mondiaux, parmi lesquels le Boston Symphony, le Cleveland Orchestra, le Los Angeles Philharmonic, le New York Philharmonic, le Philadelphia Orchestra, le San Francisco Symphony, le Montreal Symphony, le London Symphony Orchestra, le City Of Birmingham Symphony Orchestra, le London Philharmonic Orchestra, l'English Chamber Orchestra, le Chamber Orchestra Of Europe, le Philharmonique de Berlin, l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise, le Deutsches Symphony-Orchester, le Gewandhausorchester de Leipzig, le Tonhalle de Zurich, le Götborg Symphony, l'Orchestre philharmonique d'Oslo, le Tokyo NHK Symphony, l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, l'Orchestre philharmonique de Rotterdam, l'Orchestre philharmonique de Radio France, L'orchestre National de France, et l'Orchestre de Paris. Elle continue à se produire avec les plus grands chefs, comme Christophe von Dohanyi, Esa-Pekka Salonen, Myung-Whun Chung, Vladimir Ashkenazy, Christophe Eschenbach, Kurt Masur, Herbert Blomstedt, Lawrence Foster, Neeme Järvi et David Zinman.

Parmi récents engagements, il convient de signaler des concerts la saison dernière avec l'orchestre de Paris et Eschenbach à Bucarest et aux BBC Proms à Londres, et le Concertgebouw Orchestra à Amsterdam sous la direction de Riccardo Chailly. Son actualité au cours de la saison 2002/2003 comprendra, entre autres, des concerts au Japon avec l'Orchestre Philharmonique Tchèque et Ashkenazi et des représentations avec le Danish National Radio Symphony avec Thomas Dausgaard, l'Orchestre symphonique de Detroit avec Neeme Järvi et le Netherlands Radio Philharmonic avec Peter Eötvös.

Hélène Grimaud a récemment signé un contrat exclusif avec Deutsche Grammophon. Elle enregistre depuis l'âge de quinze ans, son catalogue comprend des œuvres de Chopin, Liszt, Schumann, Brahms, le Concerto en sol de Ravel et le Concerto n.2 de Rachmaninov avec le Royal Philharmonic et Jesus Lopez-Cobos pour Denon records et pour Erato, le Concerto de Schumann et le Burleske de Strauss avec David Zinman et la Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin, Brahms avec les Opus 116/117/118/119 Gershwin et Ravel avec le Baltimore Symphony et David Zinman, et le n.1 de Brahms avec le Berlin Staatkapelle Orchester et Kurt Sanderling (Classical Award 1999). Pour Teldec, elle a enregistré les sonates opus n.109 et 110 et le concerto n.4 de Beethoven avec le New York Philharmonic sous la direction de Kurt Mazur et les Etudes et Tableaux et le Concerto n.2 de Rachmaninov avec le Philharmonia Orchestra et Vladimir Ashkenazy.

Aux Victoires de la Musique, Hélène Grimaud fut nominée soliste de l'année en 2002 et en janvier 2002, elle fut nommée Officier des Arts et des Lettres par le Ministre de la Culture français.

Orchestre Philharmonique Tchèque

L'Orchestre Philharmonique Tchèque a donné sa première représentation publique le 4 janvier 1896. Le concert solennel fut exécuté sous la baguette d'Antonín Dvořák, la personnalité la plus marquante de la vie artistique de l'époque. Les débuts sont difficiles et la simple survie de l'orchestre est régulièrement menacée ; cependant, la situation se stabilise par la suite et l'orchestre devient partie intégrante du paysage culturel tchèque. Dès cette époque, il peux se prévaloir de noms de chefs et de solistes célèbres qui on travaillé avec lui : G. Mahler, E. Grieg, E. Ysaÿe, O. Nedbal, J. Kubelík et beaucoup d'autres. Lorsque, peu après la Première Guerre mondiale, Václav Talich devient son chef principal, une page est tournée et l'orchestre connaît un nouvel essor. Sous la direction exigeante et particulièrement rigoureuse de Václav Talich, le niveau de l'Orchestre Philharmonique Tchèque s'améliore au point qu'il devient l'un des meilleurs orchestres symphoniques d'Europe. A l'époque, plusieurs tournées prestigieuses à l'étranger sont organisées, des chefs et des instrumentistes illustres sont invités lors des concerts organisés dans le pays, des enregistrements sur support vinyl sont réalisés. Václav Talich, personnalité charismatique, est relayé par un autre chef prodigieux, Rafael Kubelík (de 1942 à 1948) qui accompagnera l'orchestre durant la période difficile de la Seconde Guerre mondiale.

En 1945, l'orchestre devient une instance nationale ce qui rend ces conditions de travail plus favorables. L'Orchestre Philharmonique Tchèque est dès lors à l'origine du festival international « Printemps de Prague » (dès 1946) et contribue à en enrichir considérablement la programmation d'artistes invités (I. Bernstein, J. Mravinskij, P. Klecki, E. Kleiber, O. Klemperer, A. Pedrotti, D. Oistrach, P. Fournier, E. Gilels). En 1949, Karel Ančerl est nommé comme chef principal, ainsi s'ouvre l'une des périodes les plus extraordinaires dans l'histoire de l'orchestre. L'Orchestre philharmonique se dote d'un chœur éminent ce qui lui permet de programmer régulièrement des cantates et des oratorios, des ensembles de chambre (le Trio Tchèque, le Quatuor Smetana, le Noneto Tchèque) et des solistes de renom (Z. Ružicková, J. Suk, J. Panenka) s'associent à lui. L'évolution fulgurante des techniques d'enregistrement permet de réaliser, sous la baguette de Ančerl, les meilleurs enregistrements d'œuvres tchèques ou mondiales, très recherchés aujourd'hui sur le marché dans leur retranscription sur CD.

Karel Ančerl part au Canada (en 1969) et son poste sera dorénavant occupé par Václav Neumann qui perpétue le travail de ses prédécesseurs, maintient l'excellent niveau de l'orchestre et ajoute à sa discographie plusieurs albums primés à l'échelle internationale (A. Dvořák, B. Martinů, G. Mahler). Au pupitre de l'Orchestre Philharmonique Tchèque, sont dès lors invités Ch. Munch, F. Weingartner, K. Kondrachin, H. Scherchen, A. Cluytens, H. Swarowsky, L. Matacic, J. Barbirolli, L. Maazel, K. Böhm, L. Stokowski, I. Markevic, Z. Mehta, S. Celibidache, B. Haitink, E. Leinsdorf, C. Abbado, Ch. Dutoit, K. Masur, C. M. Giulini, R. Muti, G. Sinopoli, J. E. Gardiner. L'Orchestre philharmonique réalise de nombreux enregistrements avec des chefs et solistes aussi bien Tchèques qu'étrangers (Z. Košler, J. Bělohlávek, L. Pešek, V. Válek, P. Klecki, F. Konwitschny, S. Baudo, W. Sawallisch, Ch. Mackerras, K.-i. Kobayashi, V. Ashkenazy) ; il se voit décerner, pour plusieurs d'entre eux, le Grand Prix du Disque de l'Académie Charles Cros.

L'Orchestre Philharmonique Tchèque se produit régulièrement dans des festivals internationaux de musique (Salzbourg, Edinburgh, Lucerne etc.) et dans les centres mondiaux de la musique : depuis les années 1950, l'orchestre a donné des concerts dans pratiquement tous les pays du monde ; le Japon l'a accueilli une quinzaine de fois. Il est aussi régulicrement invité aux Etats-Unis ou il a donné plus de 250 concerts et jouit d'une réputation exceptionnelle.

A l'heure actuelle, c'est Vladimir Ashkenazy, un chef mondialement connu, qui se trouve à la tête de l'orchestre. Il est entré en fonction le 1er janvier 1998, à la suite de plusieurs remaniements au poste du chef (Jiří Bělohlávek, de 1990 à 1992, Gerd Albrecht, de 1993 à 1996). Il a à ses côtés plusieurs chefs régulièrement invités, tels que Sir Charles Mackerras ou Ken-ichiro Kobayashi, le chef Vladimir Válek est également un collaborateur assidu de l'orchestre.

L'Orchestre Philharmonique Tchèque doit sa position exceptionnelle dans le contexte international - une position qu'il faut en permanence défendre par une grande qualité de chacune des prestations - à l'association d'un esprit musical spontané, d'un niveau technique sans reproche et d'un style d'interprétation original. Comme par le passé, il s'agit d'une formation de renom qui occupe une place unique et incontournable dans la vie musicale de la République Tchèque.