Les compositeurs de Terezín (Theresienstadt) : Pavel Haas, compositeur morave
(1899-1944)
Compositeurs de
Terezin |
Pavel
Haas |
Viktor Ullmann |
Gideon Klein |
Hans Krasa |
Rudolf Karel |
Signature du compositeur sur une
de ses partitions
Né à Brno en Moravie le 21 juin 1899 Pavel Haas
fut
l’un des élèves les plus
doués et les plus
originaux de Leoš Janáček. Originaire
d’une famille
aisée, fils aîné d’un
père
tchèque d’origine juive, Zikmund Haas, et
d’une
mère russe dont le nom de jeune fille est Epstein, Pavel
Haas, bien
que de langue maternelle tchèque, est d’abord
éduqué dans des institutions allemandes de Brno
puis il
achève ses études secondaires dans un
lycée
tchèque. Le jeune adolescent a déjà
montré
des dispositions pour la musique et fait ses premiers essais
de
composition dès l’âge de 13 ans. A 18
ans, il
devient l’élève de
l’école de musique
du Cercle de Brno (Brněnská Beseda) (1),
suit les cours
d’Anna Holubová (2)
(piano) et Jan Kunc (3)
(théorie) Recruté par
l’armée
impériale autrichienne, il évite de partir au
front et
reste à Brno durant la guerre, reprend ses études
musicales dès la fin des hostilités au tout
nouveau
Conservatoire d’Etat dans les classes de
composition de Jan
Kunc et de contrepoint de Vilém Petrželka (4).
Sans terminer ses
études au conservatoire, il intègre en 1921 le
séminaire supérieur de composition de L.
Janáček
dont il est lauréat en juin 1922. Il
n’était pas de
tout repos d’être
l’élève de ce
professeur au tempérament colérique et taciturne.
« Le maître ne fait pratiquement jamais
d’éloge. S’il parle, c’est
pour émettre
un jugement très sévère, sinon il ne
prononce pas
un seul mot. » atteste Haas. Dans son
livre
"Leoš Janáček a biography"aux pages 163-4,
Jaroslav Vogel
cite un autre témoignage de Pavel Haas :
"Il ne parlait jamais beaucoup, mais il
répétait
souvent son crédo afin de le rendre intelligible
à
chacun. Ses phrases courtes étaient souvent contradictoires
de
façon flagrante et pourtant ses puissances de persuasion
étaient fortes comme ses croyances. Il "fourrait" sensations
et impressions familières dans des formes
complètement
nouvelles et faisait que chacun soit confronté à
de
nouvelles découvertes. Son amour immense de la vie et de la
nature jaillissait avec chacun de ses mots. Il travaillait sans cesse
pour nous instiller son amour passionné de la musique
folklorique. Il donnait des cours et des leçons
individuelles.
Ses cours étaient surtout consacrés à
des
conférences sur la phonétique et les
réactions
complexes, les formes musicales, l'opéra, l'orchestration et
autres sujets."
Cette rencontre, la personnalité et l’enseignement
de son
professeur influencent profondément sa
façon de
composer. A l’exemple de Janáček, il
privilégie
dans son écriture la répétition de
courts motifs
mélodiques et rythmiques incisifs, ponctue ses oeuvres de
dissonances d’une façon encore plus
osée que son
maître ou encore fait appel à la
polytonalité. Haas
se tourne également vers le vivier des musiques populaires
moraves en particulier vers celles de la Moravie orientale, pour
y trouver des éléments de son inspiration.
Il fut
aussi influencé harmoniquement par
l’écriture du
premier Schönberg et à
l’écoute pendant
la période des années vingt de la musique de
Stravinsky,
du groupe des six et du jazz. Brièvement
corépétiteur à
l’opéra de Brno et
à Saarbrück il donne des cours privés
à son
retour en Moravie, écrit des œuvres pour le
théâtre puis pour le cinéma en liaison
avec la
carrière d’acteur de son frère Hugo
Haas (5)
mais
il semble souvent dans l’impossibilité
étrange
voire angoissée de les terminer ce qui
l’amène
à devoir enseigner la musique dans une école
juive de sa
ville et à travailler dans le magasin de chaussures de son
père pour compléter ses maigres ressources.
L’invasion de la République
Tchécoslovaque et son
oppression par les nazis en 1939 exercent une forte influence sur Haas
sur sa musique. La diffusion de sa musique n’est plus
autorisée et ni lui ni sa femme ne peuvent travailler. Le
musicien trouve alors deux nouvelles sources
d’inspiration :
la musique hébraïque et les anciens chants
tchèques
aux vibrants échos patriotiques comme le vieux Choral de Saint
Venceslas ou encore l’émouvant hymne
hussite Les Guerriers
du Seigneur (6). Cette
source d’inspiration a déjà
été largement utilisée par tous les
grands
compositeurs tchèques du renouveau national au
XIXème
siècle. L’influence du Choral de Saint Venceslas
parcourt
l’émouvante Suite
pour hautbois et piano composée
en 1939 et une nouvelle œuvre encore une fois
inachevée,
la Symphonie
écrite pendant les deux années suivantes.
Marié en octobre 1935 avec Soňa Jakobson, épouse
précédemment du philologue
réputé
Roman Jakobson puis divorcé en avril 1940, père
d’une petite fille (7), P.
Haas est arrêté par la
Gestapo le 2 décembre 1941 et envoyé à
Terezín (8) en
1941. Il lui reste 3 ans avant d’être
transféré à Auschwitz et d’y
mourir à
l’automne 1944.
Pavel Haas
avec l'aimable autorisation des Archives de la ville de Brno,
cette photographie figure sur le site
www.encyklopedie.brna.cz
De toutes les œuvres composées pendant ces trois
années, seules trois d’entre elles nous sont
parvenues
dans leur version complète (9). La
première est un
chœur pour voix d’hommes Al S’fod
(Ne te lamente pas,
ne pleure pas ! Lorsque les choses vont mal, ne perds pas
courage,
mais travaille, travaille). Pavel Haas a
métamorphosé sur
la page de couverture du manuscrit (10) les
notes de musique en
caractère hébraïques
signifiant : « En souvenir du
premier et dernier
anniversaire de l’exil. ». Ce
chœur masculin est
achevé le 30 novembre 1942 et est
dédié à
Otto Zucker, président du Conseil des anciens de
Terezín.
Suivent les Quatre
chants sur des poèmes chinois,
composés entre février et avril 1944 à
la demande
et à l’intention du chanteur Karel Berman (11)
et
l’Etude pour cordes, composée en 1943 qui sera
créé par l’orchestre dirigé
par Karel Ančerl
(12)
pendant l’été 1944 à
l’occasion
du tournage d’un film de propagande par les nazis puis
interprétée de nouveau quelques jours avant que
l’orchestre du camp ne soit presque entièrement
déporté et décimé
à Auschwitz. La
partition originale de l’Etude pour cordes a
été
perdue mais le chef d’orchestre K. Ančerl, lui même
également déporté dans ce camp,
retrouve à
Terezín après la guerre les parties
d’orchestre
à l’exception de celle de contrebasse. Cette
partie fut
restituée, à la demande de K. Ančerl, par le
professeur
Lubomír Peduzzi (13).
On trouve un très beau témoignage de Viktor
Ullmann,
compositeur et chef d’orchestre juif également
emprisonné à Terezín et
assassiné à
Auchswitz, sur l’impression que produisirent les Quatre chants
sur des poèmes chinois de Pavel Haas.
« Quiconque
les aura entendu
ne voudra sous aucun prétexte, manquer
d’écouter
à nouveau ces œuvres
d’actualité, si pleines
de vie, et souhaitera entretenir avec elles des relations de profonde
intimité. C’est de cette manière
seulement, que
l’art nouveau peut trouver son chemin avec le temps. La
musique
devient ainsi familière, et l’indispensable amie,
comme un
bon livre, comme tout ce que chacun acquiert avec une longue pratique.
Le deuxième chant de ce cycle est
particulièrement
réussi, plein de grâce, lumineux et
d’une grande
originalité rythmique. On en retrouve
l’écho dans
la quatrième mélodie qui est comme une coda de
l’œuvre. Cependant, ces chants sérieux,
qui
brûlent du désir du retour au pays natal - les
premier et
troisième sont intimement liés l’un
à
l’autre par une « idée
fixe » de
quatre sons, qui reviennent comme un ostinato ou un
« cantus
firmus » en de multiples métamorphoses -
sont le fruit
d’une inspiration profonde, personnelle, toujours en
mouvement.
Du point de vie stylistique, les chants de Haas sont très
novateurs. L’harmonie n’est pas à
proprement
parlée expressionniste, encore que les accords dissonants
abondent, mais ceux-ci sont subordonnés à un
noyau tonal
latent. Berman a créé ce cycle avec une
évidente
musicalité et une perception aiguë d’un
langage
musical particulier, tout en laissant libre cours à une
belle
expressivité vocale. Rafael Schächter
(14)
s’est
montré au piano un interprète affectueux et qui a
su
comprendre l’œuvre. »
(15)
Ces quatre chants, hautement symboliques avec une conclusion
(quatrième chant) pétrie d’espoir de
retour et
d’une liberté renouvelée seront
interprétés à Terezín
près
d’une quinzaine de fois.
programme du concert du
22 juin 1944
avec l'aimable autorisation des Archives de la ville de Brno,
cette photographie figure sur le site
www.encyklopedie.brna.cz
Au cours de ce concert du 22 juin 1944, donné dans une salle
de
l'hôtel de ville de Terezin, le baryton-basse Karel Berman,
accompagné au piano par Rafaël Schächter,
chanta
d'Hugo Wolf, trois lieder
sur des textes de Michel Ange, composés en
1896, quelque temps avant l'internement du compositeur dans un asile
d'aliénés, A
la bien-aimée lointaine, opus 98, le cycle de
six lieder écrit par Beethoven en 1812, les Quatre chants
sur des poèmes chinois de Pavel Haas et les Chants tziganes d'
Antonín Dvořák.
Viktor Ullmann décrit également dans son journal
l’impression que lui fit l’Etude pour orchestre
à
cordes de Pavel Haas :
« Karel
Ančerl est un chef
d’envergure, possédant un savoir-faire
impressionnant. Je
tiens pour preuves de ses qualités et de sa patience
surhumaine,
le fait qu’il ait accompli un travail
héroïque pour
réunir et développer cet ensemble
(16).
Comme chef,
il me rappelle Václav Talich
(17) ou
Hermann Scherchen
(18).
Comme ce dernier il a toujours été un pionnier de
la
musique contemporaine. C’est ainsi qu’il nous a
présenté, avec succès, la
première de la
très belle et très inspirée Etude pour
orchestre
à cordes de Pavel Haas.
La magistrale introduction de cette fugue, passionnante par sa
polyrythmie, conduit à une ingénieuse et
énergique
exposition, dont le thème caractéristique avec
ses
hiatus, se grave, aussitôt entendu, dans nos
mémoires.
Ensuite s’élève un svelte fugato, suivi
par un
épisode scherzando très alerte , au parfum
folklorique.
Après un passage plus calme, qui tient lieu de mouvement
lent-on
y reconnaît même deux thèmes- suit une
reprise
abrégée du fugato, et une coda en guise de
finale,
très excitante par son aspect motorique. Cette Etude prend
totalement en compte les spécificités
d’un ensemble
à cordes, et sonne très bien. Elle est cependant
poins
novatrice que d’autres ouvrages composés ici
précédemment par Haas. Au total,
l’œuvre
porte la marque d’un musicien qui sait ce qu’il
veut, et
qui réussit à l’obtenir.
L’interprétation qu’en donna
l’orchestre, si
l’on excepte le manque de contrebasses, fut de bout en bout
satisfaisante. Haas, Ančerl et son orchestre furent chaleureusement
applaudis. »
(19)
Le programme de ce concert au sens caché
conçu par
Karel Ančerl, comportait deux autres œuvres hautement
symboliques
de compositeurs tchèques, la Méditation sur le
vieux
choral tchèque de Saint Venceslas opus 35a de
Josef Suk (20) et
la Sérénade
pour cordes d’Antonín
Dvořák (21).
P. Haas a toujours revendiqué son appartenance à
la
tradition musicale des pays de Bohême et son attachement
à
la nation tchécoslovaque. Dans ses dernières
œuvres
il revient aux formes pré-classiques et
classiques. Il
avait encore, avant de mourir, le projet de composer un Requiem
à l’intention des victimes des
persécutions nazies.
P. Haas n’eut pas le temps de dépasser le stade
des
esquisses et fut emporté dans les vagues massives de
déportés vers Auschwitz où il devait
être
exécuté dès son arrivée le
17 octobre 1944.
Entre le 28 septembre et le 28 octobre 11 convois totalisant 18 000
déportés parmi lesquels de nombreux artistes
quittent
Terezín pour Auschwitz.
« Car il faut saisir ceci : dans la
première
moitié du siècle, l’Europe centrale a
occupé
une place prépondérante dans
l’évolution de
l’art et de la pensée : Freud et la
psychanalyse ; Gustav Mahler jetant depuis le romantisme un
pont
vers la modernité; Wittgenstein ;
l’école
viennoise de Schönberg ; le structuralisme
né à
Prague avec Mukarovsky et Jakobson ; Kafka, Musil, Gombrowicz,
Broch qui découvrirent pour l’art du roman son
esthétique moderne. Plus de la moitié de ceux que
je
viens de nommer étaient juifs. Le coup porté
contre les
juifs d’Europe centrale atteignit donc en même
temps le
cœur de la culture européenne. Le hasard qui
voulut que
vers la fin de la guerre, Robert Desnos, malade, finit ses jours
à Terezín, eut la signification d’une
métaphore : le grand poète
surréaliste alla
chercher sa mort là où se trouvait alors la
« capitale de la douleur » de
l’art
moderne. » (Milan Kundera) (22)
Eric Baude, Tours, le 13 mars 2007 - avec la
participation de Joseph Colomb
Œuvres de Pavel Haas
Šeptem pour piano (1936)
Suite pour piano opus 13 (1935)
Pastorale pour piano (1937)
Suite pour hautbois et piano (1939)
Partita ve starém slohu (Partita en style ancien, 1944)
Quatuor à cordes n° 1 opus 3 (1920)
Quatuor à cordes n° 2 opus 7
« z
opicích hor » (des montagnes des singes,
dénomination employée dans l’argot de
Brno pour les
collines de la Vrchovina tchéco-morave où Haas
avait
passé des vacances d’été)
avec jazz band ad
libitum (1925). La partie de jazz band qui n’avait pas
été inclus à
l’édition de
l’œuvre, faute de succès lors de sa
création,
fut retrouvée ultérieurement par son
élève,
le musicologue L. Pedduzzi.
Un quatuor d'envergure,
d'une
durée supérieure à 30 minutes avec
quatre
mouvements très tranchés. Un beau chant au
violon, d'un
lyrisme généreux débute le premier
mouvement avec
des harmonies issues de la musique populaire morave. Lui
succède
un passage plus véhément, à la limite
de la
dissonnance qui fait penser à l'expression hachée
de son
maître, Janáček. Un chant plus calme reprend ses
droits,
d'abord énoncé au violon, ensuite au violoncelle
alors
qu'un motif tourmenté avec ses stridences termine la
pièce. Changement d'atmosphère avec le second
mouvement
avec une rythmique mécanique, heurtée
où les
glissandis amènent un climat inquiétant, puis la
mécanique s'emballe dans une
accélération
imposante. Vers la fin du mouvement, un court passage rythmique garde
des décalques de la musique populaire. On retourne au
lyrisme
dans le troisième mouvement dans le recueillement d'un
adagio.
Le dernier mouvement surprend par sa modernité, par une
percussion abondante qui accompagne une musique agitée,
grinçante influencée par le jazz. Une danse un
peu
grotesque succède aux rythmes heurtés, un vrai
morceau de
bravoure avec une belle virtuosité. Puis un court motif
lyrique
survient. Mais dans la dernière minute, la musique
agitée
reprend le dessus. Ainsi s'exprimait un jeune compositeur de vingt-six
ans, déjà maître d'une forme qu'il
libère de
ses éminents modèles, dès son second
essai. Un
très beau quatuor digne de figurer au répertoire
des
musiciens de chambre.
Quintette à vent opus 10 (1929)
Quatuor à cordes n°3 opus 15 (1938)
Zesmutnělé scherzo (Scherzo mélancolique) opus 5
(1921)
Suite de l’opéra tragi-comique
Šarlatán opus 14 (1936)
Symphonie - 1941, inachevée et reconstruite
après
la guerre par Osvald Chlubna (23) puis
par Zdeněk Zouhar (24) en
1994.
Etude pour orchestre à cordes (1944)
Variations pour piano et orchestre à cordes
(composées à Terezín)
Six chants dans le ton populaire opus 1 pour soprano et piano
(à
l’origine Chants dans le ton national, 1919,
orchestrés en
1938)
Trois chants opus 2 pour soprano ou ténor, sur des textes de
J. S. Machar (1919)
Chants chinois opus 4 pour alto et piano (1921)
Fata Morgana opus 6 pour ténor, quatuor à cordes
et piano sur des textes de R. Tagore (1923)
Vyvolená, cycle de chants opus 8 pour Ténor,
flûte
(piccolo), cor, violon et piano sur des textes de J. Wolker (1927)
Karneval, chœur d’hommes opus 9 (1928-1929)
Psaume XXIV pour baryton, chœur de femmes, orgue et orchestre
opus 12 (1932)
Od večera do rána, arrangement de chants populaires
slovaques pour voix et orchestre (1938)
Sept chants dans le ton populaire opus 18 pour soprano ou baryton et
piano sur des textes de F. L. Čelakovský (1940)
Al S’fod (Ne te lamente pas [!]), sur un texte en
hébreu de D. Shimoni, chœur d’hommes
(1942)
Advent pour mezzo soprano ténor, flûte, clarinette
et
quatuor à cordes sur des textes de F. Halas et
d’un
déporté de Terezín (1944)
Quatre chants sur des textes poétiques chinois traduits et
adaptés par B. Mathesius (1944)
Ouverture pour la radio de Brno pour récitant, quatuor vocal
masculin et petit orchestre opus 11 ( écrit à
l’intention d’Hugo Haas, 1931)
Psaume 29 pour baryton, chœur de femmes, orgue et petit
orchestre opus 12 (1932)
Requiem pour solistes, chœur et orchestre
(inachevé)
Šarlatán, opéra tragi-comique,
(1934-1937, texte
de P. Haas d’après une ancienne
légende
adaptée sous forme de roman par J. Winckler Doctor Eisenbart
Šarlatán), créé
au Théatre
d’Etat de Brno le 2 avril 1938 dans une mise en
scène de
Rudolf Walter avec des décors de František Muzika
et sous
la direction de Quido Arnoldi (25).
L’opéra a
été redonné à Prague en
1997
(Smetanové divadlo) sous la direction du chef
Israël Yinon
et en octobre 1998 dans le cadre du festival de Wexford en Angleterre.
Musiques de scènes pour les pièces de
théâtre :
R.U.R de K. Čapek (signée sous le pseudonyme de
H.
Pavlas, 1920-1921), Konec Petrovských de Q. M. Vyskočil
(1923),
Wozzek (J. Büchner, 1923), Veselá smrt de N.
Jevrejnov
(1925), Primus Tropiens de Z. Němeček (1925), Pulcinellovo
vítězství de B. Zavadil (1925),
Černý
troubadúr (1928), adaptation théâtrale
du film sur
le chanteur de jazz Al Jonson (The Jazzinger)
d’après le
conte de Samson Raphaelson The day of Atonement.
Musiques de film :
Život je pes ( film de Hugo Haas et Martin Fric,1933),
Mazlíček (1934), Kvočna (1937).
La plupart des œuvres éditées sont
disponibles chez les éditeurs Tempo et Bote & Bock.
Trois manuscrits de
partitions de Pavel Haas
de gauche à
droite : Forêt noire, Symphonie, pièce pour piano
avec l'aimable autorisation du Musée morave,
Brno
Bibliographie
-Černušák, Gracian, Nováček, Zdenko,
Štědroň, Bohumír, Československý
Hudební Slovník,
Státní
Hudební Vydavatelství, Praha, 1963
-Fukač, Jiří, Vysloužil, Jiří, Slovník
české hudební kultury, Editio Supraphon, Praha,
1997
-Karas, Joža, La musique à Terezín, Gallimard,
Paris, 1985
-Lemaire, Franz C., Le destin juif et la musique, Fayard, Paris, 2001
-Peduzzi Lubomír, Pavel Haas, život a dílo
skladatele
(Life and work of the composer), Brno, 1993, traduction allemande,
Brno, 1996
-Peduzzi Lubomír, O hudbě v
Terezínském
gettu: soubor kritických
studií,
(Music in the Terezín ghetto: a collection of critical
studies),
Brno, 1999
-Sehnal, Jiří, Vysloužil Jiří, Dějiny hudby na
Moravě, Vlastivěda Moravská, svazek 12, Brno, 2001
-Zeitoun, Sabine et Foucher, Dominique, Le Masque de la
barbarie,
Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945, réalisé
sous la
direction de, Centre d’Histoire de la
Résistance et
de la Déportation, Lyon, 1988
-The New Grove Dictionary of Music and Musicians, second edition, vol.
10, London, Macmillan Publishers, 2001
-Amaury du Closel, Les voix étouffées du IIIe
reich, Entartete musik, Acters Sud, 2005
Notes
1.
Société chorale
d’inspiration patriotique fondée à la
fin de
l’année 1860 tout d’abord
comme chœur
d’hommes (agréée le 30 juillet 1861).
Un
chœur de femmes vient se joindre aux voix d’hommes
en 1876
puis en 1879 elle prend le nom de
Société
philharmonique du Cercle de Brno. Pavel
Křížkovský
(1820-1885) participe jusqu’en 1863 à ses
activités
puis les activités du chœur
s’épanouissent
sous la direction de Leoš Janáček
(1876-1888
à l’exception de 1879-1881). Une école
de musique
est créé au sein de ce cercle en 1882. Cette
école
de musique sera fusionnée, encore une fois sous
l’impulsion de Leoš Janáček,
à
l’Ecole d’orgue et à
l’Union pour la
promotion de la musique d’église en Moravie afin
de
constituer le nouveau Conservatoire
d’Etat de musique
et d’art dramatique en 1919, institution dirigé
évidemment par le compositeur de Jenůfa pendant
ses deux
premières années d’existence.
Josef Kompit (1850-1916)
succède à
Leoš Janáček de 1889 à 1899
à la
tête de la Société philharmonique du
Cercle de Brno
puis c’est au tour de Rudolf Reissig (1874-1939) de
1899
à 1918 et de Ferdinand Vach (1860-1939) en 1919.
Celui-ci laisse la place à
Jaroslav Kvapil
(1892-1958) de 1919 à 1946 pour une long et
troisième
âge d’or ponctué de création
d’œuvres de compositeurs tchèques et
moraves en
première mondiale.
2. 1883- ?
3. 1883-1976
compositeur, critique musical, boursier de la
fondation du couvent des Augustins du Vieux Brno (1894-1895),
élève de Leoš Janáček
à
l’Ecole d’orgue et son premier biographe.
Il suivra
des cours particuliers avec Vitězslav Novák (1870-1949)
après s’être perfectionné au
Conservatoire de
Prague. Jan Kunc enseigne par la suite à l’Ecole
d’orgue de 1910 à 1913, au Conservatoire
d’Etat de Brno (1919) puis en devient le directeur
de 1923
à 1945. Il est nommé en 1947 professeur de
composition à l’Académie
Supérieure
des Arts de la Musique Leoš Janáček puis
intervient au
département de pédagogie de
l’Université de
Brno. Il mit notamment en musique avant Leoš
Janáček le poème de Petr Bezruč
(1867-1958)
Soixante dix mille. J. Kunc édita également un
recueil de
chants populaires slovaques à une voix (1913) dans lequel il
cite le chœur féminin « Ej,
mamko,
mamko… » de l’opéra
de
Janáček Jenůfa.
4. 1889-1967,
élève de Leoš
Janáček à l’Ecole
d’orgue (1905-1908),
de Vitězslav Novák à Prague (1913-1914)
professeur de
piano, d’harmonie et de contrepoint à
l’Ecole
de musique du cercle de Brno (1915-1919), de composition au
Conservatoire à partir de 1919 jusqu’en 1952 puis
à
l’Académie des Arts de la Musique Leoš
Janáček (JAMU) de 1946 à 1948
puis de nouveau
à partir de 1951 jusqu’en 1960. Professeur de
talentueux
jeunes compositeurs (compositrices) moraves comme Vítězslava
Kaprálová et Josef Berg.
5. 1901-1968, acteur
régisseur et scénariste de
théâtre et de cinéma.
Renvoyé du
Théâtre National de Prague en 1939 pour des motifs
racistes, il émigre via la France aux USA où il
poursuit sa carrière théâtrale. Il
revient en
Europe en 1961, s’installe à Vienne et collabore
avec la
télévision autrichienne.
6. Ktož jsú
boží bojovníci.
7. P. Haas a
divorcé pour sauver sa femme et sa fille de la
déportation.
8. Terezín
en tchèque ou en allemand
Theresienstadt, citadelle fondée en 1780 par Joseph II de
Habsbourg pour se protéger des prussiens et
nommée ainsi
en hommage à sa mère
l’impératrice
Marie-Thérèse. Les caractéristiques de
cette
place-forte du Nord de la Bohême permirent aux nazis de la
transformer en ghetto à partir de 1941.
9. Sauf la partie de
contrebasse de l’Etude pour cordes.
10.
Conservé au Musée juif de Prague
11. 1919, chanteur
lyrique basse, professeur au Conservatoire
puis à l’Académie Supérieure
des Arts de la
Musique de Prague.
12. 1908-1973, un des
plus grands chefs d’orchestre de
l’histoire de la musique, élève
d’Aloïs
Hába, et de Jaroslav Křička (laboratoire des quarts de ton,
composition), de Pavel Dědeček (direction
d’orchestre) au
Conservatoire de Prague puis de Václav Talich. Chef
d’orchestre du Théâtre
libéré de
Prague et de la radio de Prague, il est emprisonné par les
nazis
à Terezín pour ses origines juives. A partir de
1950, il
est nommé Directeur musical de l’orchestre de la
Philharmonie tchèque puis émigre au Canada en
1969
où il dirige jusqu’à sa mort
l’Orchestre
Symphonique de Toronto.
13. Lubomír
Peduzzi (1918- ?), compositeur et
musicologue. Elève de Jaroslav Kvapil (1892-1958) et
d’Antonin Balatka (1895-1958) au Conservatoire de Brno il fut
également élève en privé de
Pavel Haas de
1936 à 1938, compositeur auquel il consacra une grande
partie de
ses recherches musicologiques.
14. 1905-17 octobre
1944, assassiné à Auschwitz le
même jour que Pavel Haas, Hans Krása, Viktor
Ullmann, Egon
Ledeč, Bernard Kaff…
15. Cité
par Joža Karas dans son livre La musique à
Terezín, Gallimard, Paris, 1985, pp. 90-91
16. orchestre
à cordes formé par Karel Ančerl
à Terezìn. Le violon solo en était le
musicien
morave Karel Frölich (1917- ?)
17. 1883-1961
18. 1891-1966
19. Cité
par Joža Karas dans son livre La musique à
Terezín, Gallimard, Paris, 1985, pp. 90-91
20. 1827-1913
21. Rappelons que les
Chants bibliques d’Antonín
Dvořák furent également
interprétés dans le
camp de concentration de Terezín.
22.
« Tel fut leur pari »
Préface du
livre Le Masque de la barbarie, Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945,
réalisé sous la direction de Sabine Zeitoun et
Dominique
Foucher, Centre d’Histoire de la
Résistance et de la
Déportation, Lyon, 1988. Dans cette émouvante
préface, M. Kundera parle de Pavel Haas comme de son
« compositeur
préféré ».
23. 1893-1971,
élève de L. Janáček à
l’Ecole d’orgue
24. 1927
25. 1896-1958,
professeur de direction d’orchestre au Conservatoire
d’Etat de Brno de 1936 à 1942.