Les compositeurs de Terezín (Theresienstadt) : Pavel Haas, compositeur morave (1899-1944)





Compositeurs de Terezin
Pavel Haas Viktor Ullmann Gideon Klein Hans Krasa Rudolf Karel


signature de Pavel Haas

Signature du compositeur sur une de ses partitions

Né à Brno en Moravie le 21 juin 1899 Pavel Haas fut l’un des élèves les plus doués et les plus originaux de Leoš Janáček. Originaire d’une famille aisée, fils aîné d’un père tchèque d’origine juive, Zikmund Haas, et d’une mère russe dont le nom de jeune fille est Epstein, Pavel Haas, bien que de langue maternelle tchèque, est d’abord éduqué dans des institutions allemandes de Brno puis il achève ses études secondaires dans un lycée tchèque. Le jeune adolescent a déjà montré des dispositions pour la  musique et fait ses premiers essais de composition dès l’âge de 13 ans. A 18 ans, il devient l’élève de l’école de musique du Cercle de Brno (Brněnská Beseda) (1), suit les cours d’Anna Holubová (2) (piano) et Jan Kunc (3) (théorie)  Recruté par l’armée impériale autrichienne, il évite de partir au front et reste à Brno durant la guerre, reprend ses études musicales dès la fin des hostilités au tout nouveau Conservatoire d’Etat dans les classes de composition  de Jan Kunc et de contrepoint de Vilém Petrželka (4). Sans terminer ses études au conservatoire, il intègre en 1921 le séminaire supérieur de composition de L. Janáček dont il est lauréat en juin 1922. Il n’était pas de tout repos d’être l’élève de ce professeur au tempérament colérique et taciturne. « Le maître ne fait pratiquement jamais d’éloge. S’il parle, c’est pour émettre un jugement très sévère, sinon il ne prononce pas un seul mot. » atteste Haas.  Dans son livre "Leoš Janáček a biography"aux pages 163-4, Jaroslav Vogel cite un autre témoignage de Pavel Haas :

 "Il ne parlait jamais beaucoup, mais il répétait souvent son crédo afin de le rendre intelligible à chacun. Ses phrases courtes étaient souvent contradictoires de façon flagrante et pourtant ses puissances de persuasion étaient fortes comme ses croyances. Il "fourrait" sensations et impressions familières dans des formes complètement nouvelles et faisait que chacun soit confronté à de nouvelles découvertes. Son amour immense de la vie et de la nature jaillissait avec chacun de ses mots. Il travaillait sans cesse pour nous instiller son amour passionné de la musique folklorique. Il donnait des cours et des leçons individuelles. Ses cours étaient surtout consacrés à des conférences sur la phonétique et les réactions complexes, les formes musicales, l'opéra, l'orchestration et autres sujets."

Cette rencontre, la personnalité et l’enseignement de son professeur influencent profondément sa façon de composer. A l’exemple de Janáček, il privilégie dans son écriture la répétition de courts motifs mélodiques et rythmiques incisifs, ponctue ses oeuvres de dissonances d’une façon encore plus osée que son maître ou encore fait appel à la polytonalité. Haas se tourne également vers le vivier des musiques populaires moraves en particulier vers celles de la Moravie orientale, pour y trouver des éléments de son inspiration. Il fut aussi influencé harmoniquement par l’écriture du premier Schönberg et à l’écoute pendant la période des années vingt de la musique de Stravinsky, du groupe des six et du jazz. Brièvement corépétiteur à l’opéra de Brno et à Saarbrück il donne des cours privés à son retour en Moravie, écrit des œuvres pour le théâtre puis pour le cinéma en liaison avec la carrière d’acteur de son frère Hugo Haas (5) mais il semble souvent dans l’impossibilité étrange voire angoissée de les terminer ce qui l’amène à devoir enseigner la musique dans une école juive de sa ville et à travailler dans le magasin de chaussures de son père pour compléter ses maigres ressources.

L’invasion de la République Tchécoslovaque et son oppression par les nazis en 1939 exercent une forte influence sur Haas sur sa musique. La diffusion de sa musique n’est plus autorisée et ni lui ni sa femme ne peuvent travailler. Le musicien trouve alors deux nouvelles sources d’inspiration : la musique hébraïque et les anciens chants tchèques aux vibrants échos patriotiques comme le vieux Choral de Saint Venceslas ou encore l’émouvant hymne hussite Les Guerriers du Seigneur (6). Cette source d’inspiration a déjà été largement utilisée par tous les grands compositeurs tchèques du renouveau national au XIXème siècle. L’influence du Choral de Saint Venceslas parcourt l’émouvante Suite pour hautbois et piano composée en 1939 et une nouvelle œuvre encore une fois inachevée, la Symphonie écrite pendant les deux années suivantes.

Marié en octobre 1935 avec Soňa Jakobson, épouse précédemment du philologue réputé Roman Jakobson puis divorcé en avril 1940, père d’une petite fille (7), P. Haas est arrêté par la Gestapo le 2 décembre 1941 et envoyé à Terezín (8) en 1941. Il lui reste 3 ans avant d’être transféré à Auschwitz et d’y mourir à l’automne 1944.

Portrait de Pavel Haas


Pavel Haas
avec l'aimable autorisation des Archives de la ville de Brno,
cette photographie figure sur le site www.encyklopedie.brna.cz  

De toutes les œuvres composées pendant ces trois années, seules trois d’entre elles nous sont parvenues dans leur version complète (9). La première est un chœur pour voix d’hommes Al S’fod (Ne te lamente pas, ne pleure pas ! Lorsque les choses vont mal, ne perds pas courage, mais travaille, travaille). Pavel Haas a métamorphosé sur la page de couverture du manuscrit (10) les notes de musique en caractère hébraïques signifiant : « En souvenir du premier et dernier anniversaire de l’exil. ». Ce chœur masculin est achevé le 30 novembre 1942 et est dédié à Otto Zucker, président du Conseil des anciens de Terezín. Suivent les Quatre chants sur des poèmes chinois, composés entre février et avril 1944 à la demande et à l’intention du chanteur Karel Berman (11) et l’Etude pour cordes, composée en 1943 qui sera créé par l’orchestre dirigé par Karel Ančerl (12) pendant l’été 1944 à l’occasion du tournage d’un film de propagande par les nazis puis interprétée de nouveau quelques jours avant que l’orchestre du camp ne soit presque entièrement déporté et décimé à Auschwitz. La partition originale de l’Etude pour cordes a été perdue mais le chef d’orchestre K. Ančerl, lui même également déporté dans ce camp, retrouve à Terezín après la guerre les parties d’orchestre à l’exception de celle de contrebasse. Cette partie fut restituée, à la demande de K. Ančerl, par le professeur Lubomír Peduzzi (13).

On trouve un très beau témoignage de Viktor Ullmann, compositeur et chef d’orchestre juif également emprisonné à Terezín et assassiné à Auchswitz, sur l’impression que produisirent les Quatre chants sur des poèmes chinois de Pavel Haas.

« Quiconque les aura entendu ne voudra sous aucun prétexte, manquer d’écouter à nouveau ces œuvres d’actualité, si pleines de vie, et souhaitera entretenir avec elles des relations de profonde intimité. C’est de cette manière seulement, que l’art nouveau peut trouver son chemin avec le temps. La musique devient ainsi familière, et l’indispensable amie, comme un bon livre, comme tout ce que chacun acquiert avec une longue pratique. Le deuxième chant de ce cycle est particulièrement réussi, plein de grâce, lumineux et d’une grande originalité rythmique. On en retrouve l’écho dans la quatrième mélodie qui est comme une coda de l’œuvre. Cependant, ces chants sérieux, qui brûlent du désir du retour au pays natal - les premier et troisième sont intimement liés l’un à l’autre par une « idée fixe » de quatre sons, qui reviennent comme un ostinato ou un « cantus firmus » en de multiples métamorphoses - sont le fruit d’une inspiration profonde, personnelle, toujours en mouvement. Du point de vie stylistique, les chants de Haas sont très novateurs. L’harmonie n’est pas à proprement parlée expressionniste, encore que les accords dissonants abondent, mais ceux-ci sont subordonnés à un noyau tonal latent. Berman a créé ce cycle avec une évidente musicalité et une perception aiguë d’un langage musical particulier, tout en laissant libre cours à une belle expressivité vocale. Rafael Schächter (14) s’est montré au piano un interprète affectueux et qui a su comprendre l’œuvre. » (15)

 Ces quatre chants, hautement symboliques avec une conclusion (quatrième chant) pétrie d’espoir de retour et d’une liberté renouvelée seront interprétés à Terezín près d’une quinzaine de fois.

Concert de Pavel Haas

programme du concert du 22 juin 1944
avec l'aimable autorisation des Archives de la ville de Brno,
cette photographie figure sur le site www.encyklopedie.brna.cz

Au cours de ce concert du 22 juin 1944, donné dans une salle de l'hôtel de ville de Terezin, le baryton-basse Karel Berman, accompagné au piano par Rafaël Schächter, chanta d'Hugo Wolf, trois lieder sur des textes de Michel Ange, composés en 1896, quelque temps avant l'internement du compositeur dans un asile d'aliénés, A la bien-aimée lointaine, opus 98, le cycle de six lieder écrit par Beethoven en 1812, les Quatre chants sur des poèmes chinois de Pavel Haas et les Chants tziganes d' Antonín Dvořák.

Viktor Ullmann décrit également dans son journal l’impression que lui fit l’Etude pour orchestre à cordes de Pavel Haas :

« Karel Ančerl est un chef d’envergure, possédant un savoir-faire impressionnant. Je tiens pour preuves de ses qualités et de sa patience surhumaine, le fait qu’il ait accompli un travail héroïque pour réunir et développer cet ensemble (16). Comme chef, il me rappelle Václav Talich (17) ou Hermann Scherchen (18). Comme ce dernier il a toujours été un pionnier de la musique contemporaine. C’est ainsi qu’il nous a présenté, avec succès, la première de la très belle et très inspirée Etude pour orchestre à cordes de Pavel Haas.
La magistrale introduction de cette fugue, passionnante par sa polyrythmie, conduit à une ingénieuse et énergique exposition, dont le thème caractéristique avec ses hiatus, se grave, aussitôt entendu, dans nos mémoires. Ensuite s’élève un svelte fugato, suivi par un épisode scherzando très alerte , au parfum folklorique. Après un passage plus calme, qui tient lieu de mouvement lent-on y reconnaît même deux thèmes- suit une reprise abrégée du fugato, et une coda en guise de finale, très excitante par son aspect motorique. Cette Etude prend totalement en compte les spécificités d’un ensemble à cordes, et sonne très bien. Elle est cependant poins novatrice que d’autres ouvrages composés ici précédemment par Haas. Au total, l’œuvre porte la marque d’un musicien qui sait ce qu’il veut, et qui réussit à l’obtenir. L’interprétation qu’en donna l’orchestre, si l’on excepte le manque de contrebasses, fut de bout en bout satisfaisante. Haas, Ančerl et son orchestre furent chaleureusement applaudis. » (19)

Le programme de ce concert au sens caché conçu par Karel Ančerl, comportait deux autres œuvres hautement symboliques de compositeurs tchèques, la Méditation sur le vieux choral tchèque de Saint Venceslas opus 35a de Josef Suk (20) et la Sérénade pour cordes d’Antonín Dvořák (21).

P. Haas a toujours revendiqué son appartenance à la tradition musicale des pays de Bohême et son attachement à la nation tchécoslovaque. Dans ses dernières œuvres il revient aux formes pré-classiques et classiques. Il avait encore, avant de mourir, le projet de composer un Requiem à l’intention des victimes des persécutions nazies. P. Haas n’eut pas le temps de dépasser le stade des esquisses et fut emporté dans les vagues massives de déportés vers Auschwitz où il devait être exécuté dès son arrivée le 17 octobre 1944.

Entre le 28 septembre et le 28 octobre 11 convois totalisant 18 000 déportés parmi lesquels de nombreux artistes quittent Terezín pour Auschwitz.
« Car il faut saisir ceci : dans la première moitié du siècle, l’Europe centrale a occupé une place prépondérante dans l’évolution de l’art et de la pensée : Freud et la psychanalyse ; Gustav Mahler jetant depuis le romantisme un pont vers la modernité; Wittgenstein ; l’école viennoise de Schönberg ; le structuralisme né à Prague avec Mukarovsky et Jakobson ; Kafka, Musil, Gombrowicz, Broch qui découvrirent pour l’art du roman son esthétique moderne. Plus de la moitié de ceux que je viens de nommer étaient juifs. Le coup porté contre les juifs d’Europe centrale atteignit donc en même temps le cœur de la culture européenne. Le hasard qui voulut que vers la fin de la guerre, Robert Desnos, malade, finit ses jours à Terezín, eut la signification d’une métaphore : le grand poète surréaliste alla chercher sa mort là où se trouvait alors la « capitale de la douleur » de l’art moderne. » (Milan Kundera) (22)  

Eric Baude, Tours, le 13 mars 2007 - avec la participation de Joseph Colomb

Œuvres de Pavel Haas

Šeptem pour piano (1936)
Suite pour piano  opus 13 (1935)
Pastorale pour piano (1937)
Suite pour hautbois et piano (1939)
Partita ve starém slohu (Partita en style ancien, 1944)
Quatuor à cordes n° 1 opus 3 (1920)
Quatuor à cordes n° 2 opus 7  « z opicích hor » (des montagnes des singes, dénomination employée dans l’argot de Brno pour les collines de la Vrchovina tchéco-morave où Haas avait passé des vacances d’été) avec jazz band ad libitum (1925). La partie de jazz band qui n’avait pas été inclus à l’édition de l’œuvre, faute de succès lors de sa création, fut retrouvée ultérieurement par son élève, le musicologue L. Pedduzzi.

Un quatuor d'envergure, d'une durée supérieure à 30 minutes avec quatre mouvements très tranchés. Un beau chant au violon, d'un lyrisme généreux débute le premier mouvement avec des harmonies issues de la musique populaire morave. Lui succède un passage plus véhément, à la limite de la dissonnance qui fait penser à l'expression hachée de son maître, Janáček. Un chant plus calme reprend ses droits, d'abord énoncé au violon, ensuite au violoncelle alors qu'un motif tourmenté avec ses stridences termine la pièce. Changement d'atmosphère avec le second mouvement avec une rythmique mécanique, heurtée où les glissandis amènent un climat inquiétant, puis la mécanique s'emballe dans une accélération imposante. Vers la fin du mouvement, un court passage rythmique garde des décalques de la musique populaire. On retourne au lyrisme dans le troisième mouvement dans le recueillement d'un adagio. Le dernier mouvement surprend par sa modernité, par une percussion abondante qui accompagne une musique agitée, grinçante influencée par le jazz. Une danse un peu grotesque succède aux rythmes heurtés, un vrai morceau de bravoure avec une belle virtuosité. Puis un court motif lyrique survient. Mais dans la dernière minute, la musique agitée reprend le dessus. Ainsi s'exprimait un jeune compositeur de vingt-six ans, déjà maître d'une forme qu'il libère de ses éminents modèles, dès son second essai. Un très beau quatuor digne de figurer au répertoire des musiciens de chambre.

Quintette à vent opus 10 (1929)
Quatuor à cordes n°3 opus 15 (1938)

Zesmutnělé scherzo (Scherzo mélancolique) opus 5 (1921)
Suite de l’opéra tragi-comique Šarlatán opus 14 (1936)
Symphonie  - 1941, inachevée et reconstruite après la guerre par Osvald Chlubna (23) puis par Zdeněk Zouhar (24) en 1994.
Etude pour orchestre à cordes (1944)
Variations pour piano et orchestre à cordes (composées à Terezín)

Six chants dans le ton populaire opus 1 pour soprano et piano (à l’origine Chants dans le ton national, 1919, orchestrés en 1938)
Trois chants opus 2 pour soprano ou ténor, sur des textes de J. S. Machar (1919)
Chants chinois opus 4 pour alto et piano (1921)
Fata Morgana opus 6 pour ténor, quatuor à cordes et piano sur des textes de R. Tagore (1923)
Vyvolená, cycle de chants opus 8 pour Ténor, flûte (piccolo), cor, violon et piano sur des textes de J. Wolker (1927)
Karneval, chœur d’hommes opus 9 (1928-1929)
Psaume XXIV pour baryton, chœur de femmes, orgue et orchestre opus 12 (1932)
Od večera do rána, arrangement de chants populaires slovaques pour voix et orchestre (1938)
Sept chants dans le ton populaire opus 18 pour soprano ou baryton et piano sur des textes de F. L. Čelakovský  (1940)
Al S’fod (Ne te lamente pas [!]), sur un texte en hébreu de D. Shimoni, chœur d’hommes (1942)
Advent pour mezzo soprano ténor, flûte, clarinette et quatuor à cordes  sur des textes de F. Halas et d’un déporté de Terezín (1944)
Quatre chants sur des textes poétiques chinois traduits et adaptés par B. Mathesius (1944)


Ouverture pour la radio de Brno pour récitant, quatuor vocal masculin et petit orchestre opus 11 ( écrit à l’intention d’Hugo Haas, 1931)
Psaume 29 pour baryton, chœur de femmes, orgue et petit orchestre opus 12 (1932)
Requiem pour solistes, chœur et orchestre (inachevé)
Šarlatán, opéra tragi-comique, (1934-1937, texte de P. Haas  d’après une ancienne légende adaptée sous forme de roman par J. Winckler Doctor Eisenbart Šarlatán), créé  au Théatre d’Etat de Brno le 2 avril 1938 dans une mise en scène de Rudolf Walter avec des décors de František Muzika et sous la direction de Quido Arnoldi (25).  L’opéra a été redonné à Prague en 1997 (Smetanové divadlo) sous la direction du chef Israël Yinon et en octobre 1998 dans le cadre du festival de Wexford en Angleterre.


Musiques de scènes pour les pièces de théâtre :
 R.U.R de K. Čapek (signée sous le pseudonyme de H. Pavlas, 1920-1921), Konec Petrovských de Q. M. Vyskočil (1923), Wozzek (J. Büchner, 1923), Veselá smrt de N. Jevrejnov (1925), Primus Tropiens de Z. Němeček (1925), Pulcinellovo vítězství  de B. Zavadil (1925), Černý troubadúr (1928), adaptation théâtrale du film sur le chanteur de jazz Al Jonson (The Jazzinger) d’après le conte de  Samson Raphaelson The day of Atonement.


Musiques de film :
Život je pes ( film de Hugo Haas et Martin Fric,1933), Mazlíček (1934), Kvočna (1937).

La plupart des œuvres éditées sont disponibles chez les éditeurs Tempo et Bote & Bock.

partitions-haas

Trois manuscrits de partitions de Pavel Haas
de gauche à droite : Forêt noire, Symphonie, pièce pour piano
avec l'aimable autorisation du Musée morave, Brno

Bibliographie

 
-Černušák, Gracian, Nováček, Zdenko, Štědroň, Bohumír, Československý Hudební  Slovník, Státní Hudební Vydavatelství, Praha, 1963

-Fukač, Jiří, Vysloužil, Jiří, Slovník české hudební kultury, Editio Supraphon, Praha, 1997

-Karas, Joža, La musique à Terezín, Gallimard, Paris, 1985

-Lemaire, Franz C., Le destin juif et la musique, Fayard, Paris, 2001

-Peduzzi Lubomír, Pavel Haas, život a dílo skladatele (Life and work of the composer), Brno, 1993, traduction allemande, Brno, 1996

-Peduzzi Lubomír,  O hudbě v Terezínském gettu: soubor kritických studií,     (Music in the Terezín ghetto: a collection of critical studies), Brno, 1999

-Sehnal, Jiří, Vysloužil Jiří, Dějiny hudby na Moravě, Vlastivěda Moravská, svazek 12, Brno, 2001

-Zeitoun, Sabine et  Foucher, Dominique, Le Masque de la barbarie, Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945, réalisé sous la direction de, Centre d’Histoire de la Résistance  et de la Déportation, Lyon, 1988

-The New Grove Dictionary of Music and Musicians, second edition, vol. 10, London, Macmillan Publishers, 2001

-Amaury du Closel, Les voix étouffées du IIIe reich, Entartete musik, Acters Sud, 2005

Notes


1. Société chorale d’inspiration patriotique fondée à la fin de l’année 1860  tout d’abord comme chœur d’hommes (agréée le 30 juillet 1861). Un chœur de femmes vient se joindre aux voix d’hommes en 1876 puis en 1879  elle prend le nom de Société philharmonique du Cercle de Brno.  Pavel Křížkovský (1820-1885) participe jusqu’en 1863 à ses activités puis les activités du chœur s’épanouissent sous la direction de Leoš Janáček  (1876-1888 à l’exception de 1879-1881). Une école de musique est créé au sein de ce cercle en 1882. Cette école de musique sera fusionnée, encore une fois  sous l’impulsion de Leoš Janáček,  à l’Ecole d’orgue et  à l’Union pour la promotion de la musique d’église en Moravie afin de constituer  le nouveau  Conservatoire d’Etat de musique et d’art dramatique en 1919, institution dirigé évidemment par le compositeur de Jenůfa  pendant ses deux premières années d’existence.
 Josef Kompit  (1850-1916) succède à Leoš Janáček  de 1889 à 1899 à la tête de la Société philharmonique du Cercle de Brno puis c’est au tour de  Rudolf Reissig (1874-1939) de 1899 à 1918 et  de Ferdinand Vach (1860-1939) en 1919. Celui-ci  laisse la place à  Jaroslav  Kvapil (1892-1958) de 1919 à 1946 pour une long et troisième âge d’or ponctué de création d’œuvres de compositeurs tchèques et moraves en première mondiale.    
2. 1883- ?
3. 1883-1976 compositeur, critique musical,  boursier de la fondation du couvent des Augustins du Vieux Brno (1894-1895),  élève de Leoš Janáček à l’Ecole d’orgue et son premier biographe.  Il suivra des cours particuliers avec Vitězslav Novák (1870-1949) après s’être perfectionné au Conservatoire de Prague. Jan Kunc enseigne par la suite à l’Ecole d’orgue de 1910 à 1913, au Conservatoire d’Etat  de Brno (1919) puis en devient le directeur de 1923 à 1945. Il est nommé en 1947 professeur de composition  à l’Académie Supérieure des Arts de la Musique Leoš Janáček puis intervient au département de pédagogie de l’Université de Brno.  Il mit notamment en musique avant Leoš Janáček le poème de Petr Bezruč (1867-1958)  Soixante dix mille. J. Kunc édita également un recueil de chants populaires slovaques à une voix (1913) dans lequel il cite le chœur féminin « Ej, mamko, mamko… » de l’opéra de Janáček  Jenůfa.
4. 1889-1967, élève de Leoš Janáček  à l’Ecole d’orgue (1905-1908), de Vitězslav Novák à Prague (1913-1914) professeur de piano, d’harmonie et de contrepoint  à l’Ecole de musique du cercle de Brno (1915-1919), de composition  au Conservatoire à partir de 1919 jusqu’en 1952 puis à l’Académie des Arts de la Musique Leoš Janáček (JAMU) de 1946 à 1948 puis de nouveau à partir de 1951 jusqu’en 1960. Professeur de talentueux jeunes compositeurs (compositrices) moraves comme Vítězslava Kaprálová et Josef Berg.
5. 1901-1968, acteur régisseur et scénariste de théâtre et de cinéma. Renvoyé du Théâtre National de Prague en 1939 pour des motifs racistes, il émigre via la France aux USA où il poursuit sa carrière théâtrale. Il revient en Europe en 1961, s’installe à Vienne et collabore avec la télévision autrichienne.
6. Ktož jsú boží bojovníci.
7. P. Haas a divorcé pour sauver sa femme et sa fille de la déportation.
8. Terezín en tchèque ou en allemand Theresienstadt, citadelle fondée en 1780 par Joseph II de Habsbourg pour se protéger des prussiens et nommée ainsi en hommage à sa mère l’impératrice Marie-Thérèse. Les caractéristiques de cette place-forte du Nord de la Bohême permirent aux nazis de la transformer en ghetto à partir de 1941.
9. Sauf la partie de contrebasse de l’Etude pour cordes.
10. Conservé au Musée juif de Prague
11. 1919, chanteur lyrique basse, professeur au Conservatoire puis à l’Académie Supérieure des Arts de la Musique de Prague.
12. 1908-1973, un des plus grands chefs d’orchestre de l’histoire de la musique, élève d’Aloïs Hába, et de Jaroslav Křička (laboratoire des quarts de ton, composition), de Pavel Dědeček (direction d’orchestre) au Conservatoire de Prague puis de Václav Talich. Chef d’orchestre du Théâtre libéré de Prague et de la radio de Prague, il est emprisonné par les nazis à Terezín pour ses origines juives. A partir de 1950, il est nommé Directeur musical de l’orchestre de la Philharmonie tchèque puis émigre au Canada en 1969 où il dirige jusqu’à sa mort l’Orchestre Symphonique de Toronto.
13. Lubomír Peduzzi (1918- ?), compositeur et musicologue. Elève de Jaroslav Kvapil (1892-1958) et d’Antonin Balatka (1895-1958) au Conservatoire de Brno il fut également élève en privé de Pavel Haas de 1936 à 1938, compositeur auquel il consacra une grande partie de ses recherches musicologiques.
14. 1905-17 octobre 1944, assassiné à Auschwitz le même jour que Pavel Haas, Hans Krása, Viktor Ullmann, Egon Ledeč, Bernard Kaff…
15. Cité par Joža Karas dans son livre La musique à Terezín, Gallimard, Paris, 1985, pp. 90-91
16. orchestre à cordes formé par Karel Ančerl à Terezìn. Le violon solo en était le musicien morave Karel Frölich (1917- ?)
17. 1883-1961

18. 1891-1966
19. Cité par Joža Karas dans son livre La musique à Terezín, Gallimard, Paris, 1985, pp. 90-91
20. 1827-1913
21. Rappelons que les Chants bibliques d’Antonín Dvořák furent également interprétés dans le camp de concentration de Terezín.
22. « Tel fut leur pari » Préface du livre Le Masque de la barbarie, Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945, réalisé sous la direction de Sabine Zeitoun et Dominique Foucher, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Lyon, 1988. Dans cette émouvante préface, M. Kundera parle de Pavel Haas comme de son « compositeur préféré ».
23. 1893-1971, élève de L. Janáček à l’Ecole d’orgue
24. 1927
25. 1896-1958, professeur de direction d’orchestre au Conservatoire d’Etat de Brno de 1936 à 1942.