Jenufa : déroulement de l'opéra

Acte I

Scène 1

Jenufa, la grand-mère, Laca, Jano.
Devant le moulin.
Jenufa observe au loin. Personne sur le chemin. Son amant Steva ne revient pas du service du recrutement pour l'armée. Elle tremble de peur en attendant le résultat. Sa grand-mère lui reproche de la laisser travailler seule. Laca, lui, se plaint que sa grand-mère lui ait toujours préféré son demi-frère Steva. Jenufa lui reproche de parler avec si peu de respect à sa grand-mère. Le petit berger Jano survient détendant l'atmosphère, il déclare qu'il sait lire grâce à Jenufa. L'aïeule félicite sa petite fille.

Scène 2

Le meunier, Laca, Jenufa, la grand-mère, Kostelnicka.
Le meunier interpelle Laca, son aide au moulin. Celui-ci enlève le fichu de Jenufa qui s'étonne de ce comportement. Laca par ses dires montre sa jalousie vis-à-vis de son demi-frère Steva. Le meunier qui recueille la déclaration d'amour de Laca envers Jenufa lui fait remarquer son bon coeur, mais ne comprend pas pourquoi il se comporte de manière si bizarre, voir méchamment envers Jenufa. Il lui annonce que Steva n'a pas été recruté. La jalousie de Laca envers Steva s'expose. Jenufa exprime son affection envers sa belle-mère.

Scène 3

La grand-mère, Jenufa, les recrues (au loin).
Très courte scène, mais significative pour comprendre l'embarras de Jenufa. Sa grand-mère lui déclare qu'elle se comporte bizarrement.

Scène 4

Les recrues, Steva, Jenufa, le meunier, les ouvriers du moulin.
Les recrues chantent joyeusement sur des paroles désabusées leur situation de recrues (« moi, fils de misère, faut que je sois soldat ») accompagnés par Steva qui reprend les mêmes paroles par dérision. Jenufa l'appelle.

Scène 5

Jenufa, Steva, les recrues, Kostelnicka, la grand-mère, Laca, le meunier.
Jenufa reproche son ivresse à Steva qui la prend de haut en lui rappelant qu'il est le riche héritier du moulin. Il intime l'ordre aux musiciens de jouer « l'air de Jenufa ». Danse et chant. {Janáček utilise ici une pièce intitulée Zelené sem sela (J'ai semé l'herbe) dont le thème est similaire à celui de El Danaj, première pièce des trois Danses moraves.} Kostelnicka intervient. On sent toute l'autorité de cette femme. Elle raconte en un raccourci sa vie avec le père de Jenufa, bel homme, mais volage, violent et souvent ivre. Elle s'adresse à Jenufa : « Dis-lui (Steva) que je ne permets votre mariage sans une mise à l'épreuve d'un an et s'il ne s'enivre plus. ». Les recrues et la grand-mère la trouvent sévère, mais s'inclinent. La grand-mère renvoient les musiciens tandis qu'elle déclare à sa petite-fille : « Tous les couples doivent se forger dans la souffrance ».

Scène 6

Jenufa, Steva, la grand-mère.
Jenufa insiste auprès de Steva pour qu'ils se marient rapidement. Ainsi, sa situation de femme enceinte pourrait se trouver régularisée. Elle appuie sur ses paroles » si tu ne m'épouses pas à temps, je ne sais pas ce que je ferai ! ». À quoi Steva lui répond par une bravade qui la vexe, que toutes les filles l'apprécient, même s'il la trouve la plus jolie de toutes avec ses joues de pêche. Jenufa rajoute qu'elle sera obligée de se tuer si Steva ne l'épouse pas...

Scène 7

Laca, Jenufa, la grand-mère, le meunier, Barena la servante
Laca relève que Steva, le hableur, s'est bien tu devant Kostelnicka. Il ramasse le bouquet donné par une jeune fille et abandonné par Steva. Mais Jenufa proteste et défend Steva. Comme Jenufa se débat contre un baiser de Laca, celui-ci la défigure avec la lame de son couteau. Elle s'enfuit dans sa chambre. Laca, hagard, déclare son amour pour Jenufa qu'entendent le meunier et la grand-mère. La servante excuse le geste du jeune homme alors que le meunier qui le connait indique qu'il l'a fait exprès.

Acte II

Scène 1

Kostelnicka, Jenufa
Où l'on apprend que l'enfant que portait Jenufa est né depuis une semaine et qu'elle l'a prénommé Steva comme son père. En fait, Kostelnicka a caché Jenufa jusqu'à la naissance, la honte de la jeune femme rejaillissant sur sa belle-mère. Cette scène révèle l'amour de Jenufa pour son fils, mais aussi la fragilité de son état. Kostelnicka fait boire un breuvage à Jenufa qui va se coucher.

Scène 2

Kostelnicka
Pendant cette scène elle révèle qu'elle a gardé pendant vingt semaines Jenufa enceinte et que son enfant lui rappelle trop son père. Elle a convoqué Steva.

Scène 3

Steva, Kostelnicka, Laca
Kostelnicka annonce à Steva que son fils est né et lui reproche de n'être pas venu aux nouvelles. Steva lui répond qu'il a eu peur de ses réactions et insinue que Jenufa l'intéresse moins, défigurée qu'elle est ! Il veut bien payer une pension, mais surtout qu'elle ne dise pas qu'il est le père. Kostelnicka le supplie de ne pas abandonner Jenufa. Mais Steva, insensible, confirme qu'il s'est éloigné de Jenufa, qu'il a peur d'elle, comme il a peur de Kostelnicka et annonce qu'il vient de se fiancer avec Karolka, la fille du maire. Restée seule, la sacristine, devant cette situation nouvelle, envisage une solution : détruire l'enfant ? Laca entre dans la pièce.

Scène 4

Laca, Kostelnicka
Laca a reconnu Steva dans la maison. Il interroge Kostelnicka : que faisait-il donc là ? Elle lui révèle la présence de Jenufa et la rupture de son demi-frère. Depuis si longtemps qu'il est amoureux de la jeune femme, sa belle-mère consentirait-elle à cette union ? Mais la sacristine lui apprend aussi la naissance du fils de Steva. Laca, ébranlé, hésite. Cet enfant est mort, affirme Kostelnicka. Elle éloigne Laca.

Scène 5

Kostelnicka
Long monologue. Cet enfant, « fruit du péché » est l'obstacle et la honte de Jenufa et d'elle-même. Que faire ? Le noyer dans la rivière sous la glace. Prenant Dieu à témoin qui « sait mieux que personne comment va le monde », elle exécute son plan. Enfant innocent, il rejoindra le ciel...

Scène 6

Jenufa
Dans la chambre fermée à clé.
Long monologue de Jenufa. Elle se réveille, la tête lourde. Le déshonneur pèse sur elle. La jeune femme erre, entre rêve et réalité, entre fierté et honte, tantôt s'accusant, tantôt espérant. Elle pressent que son enfant bien aimé a froid et en même temps implore la Vierge Marie de le protéger.

Scène 7

Kostelnicka, Jenufa
Kostelnicka qui ne peut avouer son crime invente de toutes pièces la mort de son enfant pendant que Jenufa délirait dans la fièvre durant deux journées. L'esprit a demi égaré, se partageant entre la honte de sa situation et l'amour de son enfant, elle chancelle sous ce coup du sort. Kostelnicka finit par abattre la fin de son plan. Steva est venu la voir, il a découvert son fils, mais s'en est désintéressé, comme il se désintéresse maintenant de Jenufa, de son visage blessé. Elle lui annonce ses fiançailles avec la fille du maire. Jenufa pardonne tout ! Enfin, la sacristine lui tend la perche Laca, seul espoir de vie pour Jenufa.

Scène 8

Kostelnicka, Jenufa, Laca
Laca retrouve avec bonheur Jenufa qui ne reste pas insensible bien qu'elle déclare sa vie terminée. Mais Laca lui offre son amour, proposition que la sacristine s'empresse d'approuver. Jenufa, toute d'honnêteté, lui dit « Je n'ai ni bien, ni honneur, quant à de l'amour .../... je n'en ai plus. Me veux-tu telle que je suis ? » Laca l'embrasse. Kostelnicka, rassurée, déverse sa haine contre Steva et déclame un « malheur à lui, malheur à moi ! » ambigu. Tandis qu'un courant d'air ouvre la fenêtre, signe de malheur, Kostelnicka gémit, se plaint et finit par proclamer « On dirait que la mort ricane ! »

Acte III

Deux mois plus tard.

Scène 1

Jenufa, Laca, une servante, Kostelnicka
A l'intérieur de la maison.
Jour de noce. Question conventionnelle de la servante à Jenufa « N'as-tu pas le coeur serré ? » En miroir, la servante reprend qu'elle a pleuré le jour de son mariage, mais qu'elle n'a rien regretté. Les invités arrivent.

Scène 2

le Maire, sa femme, Jenufa, Laca, Kostelnicka, servante
Cette scène montre le malaise de Kostelnicka face aux invités. Elle déclare qu'elle est malade, qu'elle se sent dépérir et en réponse aux souhaits de Jenufa et du Maire répond qu'elle ne veut pas guérir. La femme du Maire remarque la tenue de veuve de Jenufa, complètement déplacée un jour de mariage. Kostelnicka fait diversion en invitant ses hôtes de marque à voir le trousseau de la mariée.

Scène 3

Jenufa, Laca
Scène importante en ce qu'elle nous enseigne sur l'hésitation de Laca lorsqu'il a appris la naissance de l'enfant de Jenufa, mais qu'il lui a pardonné très vite, rempli de son amour pour elle. Il l'implore de lui pardonner sa conduite ancienne envers elle. Ce que fait Jenufa tout en s'excusant de lui causer tant de peine. Laca, plein de bonne volonté, déclare s'être réconcilié avec Steva et l'avoir invité à la noce, comme le lui avait demandé Jenufa.

Scène 4

Jenufa, Laca, Karolka, Steva
Karolka décline ses voeux de bonheur aux mariés tout en s'étonnant un peu perfidement du manque de musique pour cette cérémonie. Quant à Steva, géné, embarassé, il ne fait que bredouiller quelques mots à quoi, Jenufa, avec grandeur d'âme, compare les mérites respectif des deux demi-frère, la beauté pour Steva, la bonté pour Laca. Ce à quoi Karolka rétorque qu'il n'est nul besoin d'encenser Steva, il fait le coq naturellement. On apprend aussi que le mariage de Karolka et Steva aura lieu quinze jours plus tard. Mais sur la menace de Karolka de quitter Steva s'il ne s'arrange pas, péremptoire, celui-ci déclare que si tel était le cas, il se tuerait !

Scène 5

le Maire, sa femme, Kostelnicka, Laca
Scène très courte où Kostelnicka montre de nouveau son malaise, cette fois-ci du à la présence de Steva à cette noce.

Scène 6

Barena, des jeunes filles, Jenufa, Laca, le Maire, la grand-mère, Kostelnicka, des voisins
Scène de détente avec les voeux des voisins et voisines. Belle formule pour des voeux : « Nous vous souhaitons à tous les deux autant de bonheur qu'il y a de gouttes dans la pluie. » Les jeunes filles entonnent en l'honneur des mariés un chant sur un ton populaire. La grand-mère bénit les jeunes gens tandis que Kostelnicka s'apprète à le faire, mais une forte rumeur venant de l'extérieur la fige de terreur.

Scène 7

Jano, le Maire, Kostelnicka, Steva, les villageois
Jano, le petit berger, déclare que les gens de la brasserie ont trouvé dans la glace un enfant mort vêtu d'un maillot et d'un bonnet rouge. Tous suivent Jano, sauf...

Scène 8

Kostelnicka, Steva, la grand-mère
Cette scène très courte se passe en un dialogue entre les deux femmes, la sacristine demandant à sa mère de la défendre, alors qu'elle juge que sa fille délire de nouveau.

Scène 9

Karolka, Jenufa, Steva, Laca
Réaction futile de Karolka tandis que l'angoise étreint Steva. Jenufa sent la douleur l'envahir cependant que Laca cherche à la calmer .

Scène 10

Jenufa, le Maire, sa femme, des villageois, Laca, Kostelnicka, Karolka, une servante
Jenufa reconnait le lange et le bonnet de son enfant. Stupéfaction de la femme du Maire et des villageois qui parlent de lapider la jeune femme. Mais Laca, avec courage, s'interpose tandis que le Maire, en tant qu'officier de police, préférerait se trouver ailleurs. Cependant, Kostelnicka, la sacristine, avoue son crime en racontant comment elle a noyé l'enfant sous la glace. Karolka, comprenant que Steva est le géniteur de cet enfant, se réfugie près de sa mère et annonce qu'elle ne l'épousera pas. Laca s'accuse d'avoir défiguré Jenufa, cause de son malheur.

Scène 11

Jenufa, Kostelnicka, Laca
Jenufa pardonne le meurtre prepétré par sa mère adoptive. Consciente de son crime du à son orgueil, la sacristine accepte la justice des hommes.

Scène 12

Jenufa, Laca
Jenufa demande à Laca « le meilleur des hommes » de la laisser. Elle ne pourra pas le rendre heureux, elle qui a péché par amour. Mais Laca, par amour pour elle, se tient prêt à l'accompagner. Jenufa, devant tant d'amour, accepte la présence de Laca à ses côtés.

Fin de l'opéra

J. Colomb - juin 2003

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