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Ion Voicu


Si « l’homme de la rue », en France, aura sans doute du mal à nommer spontanément un grand violoniste de son pays, rien de cela en Roumanie. Faites l'expérience et vous constaterez que, bien souvent, l'on vous citera le nom de Ion Voicu. Peu connu chez nous, cet artiste était pourtant considéré par certains comme l'un des dix plus grands virtuoses de son temps.
Par Alain Chotil-Fani

Né le 8 octobre 1923 à Bucarest au sein d’une famille très attachée à la musique, Ion Voicu étudie dès l’âge de 6 ans le violon avec le professeur Constantin Niculescu, puis entre à l’Académie Royale de Musique de Bucarest. Il en sort diplômé après trois années d’étude, alors que le cursus normal est de sept années.

Il est engagé par l’Orchestre National de la Radio (Orchestra Naţională Radio). Un chef invité, le Néerlandais Willem Mengelberg (1871-1951), le remarque et lui conseille de s’orienter vers une activité de soliste. Il reçoit également les éloges de George Enesco (1881-1955), qui le prend comme élève à titre gracieux.

Le premier festival musical de l’après-guerre, en mai 1946, réunit Yehudi Menuhin (1916-1999), son maître George Enesco et de nombreuses personnalités roumaines. Un concours de violon est organisé et Ion Voicu remporte le premier prix. Sa carrière de soliste se poursuit et trois années plus tard, il joue pour la première fois avec la prestigieuse Philharmonie de Bucarest. C’est le début d’une longue collaboration entre Ion Voicu et la phalange bucarestoise.

Il décide en 1954 d’approfondir son art auprès d’Abram Yampolsky, au Conservatoire de Moscou. A la disparition de ce dernier (1955) il rejoint les élèves de David Oïstrakh (1908-1974). Les relations entre David Oïstrakh et Ion Voicu dépassent largement le cadre des rapports habituels entre un maître et son élève. Après l’obtention de son diplôme et son retour en Roumanie, en 1957, Ion Voicu parlera souvent de son professeur en termes chaleureux. Oïstrakh sera accueilli par la famille de Ion Voicu lors d’un séjour à Bucarest.

L’Etat roumain a acheté pour lui un instrument d’une qualité exceptionnelle, un Stradivarius de 1702 ayant appartenu à Joseph Joachim (1831-1907). Ce violon, dont la valeur est estimée à deux millions d’euros, est aujourd’hui exposé au Musée National d’Art de Bucarest. Son nom, désormais, est "Stradivarius Elder Voicu 1702".

En 1957, Ion Voicu retrouve l’Orchestre Philharmonique de Bucarest « George Enesco » et son chef historique George Georgescu pour une tournée à Belgrade. Le succès est immense (-> voir sur ce site) et consacre la dimension internationale du violoniste. En 1963, ses débuts en Grande-Bretagne sont remarqués par les critiques et les milieux musicaux britanniques. On le prie de jouer avec le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra et l’Orchestre Hallé de Manchester. Deux années plus tard, il débute au Carnegie Hall de New-York. L’agent du pianiste Arthur Rubinstein (1887-1982), Sol Hurok (1888-1974), l’engage pour une tournée américaine.

En 1969, Ion Voicu fonde l’Orchestre de Chambre de Bucarest (Orchestra de Cameră din Bucureşti). Il en sera à la fois le chef et le soliste. Pendant les années 1973-1987, il est nommé à la tête de la Philharmonie George Enesco de la capitale roumaine. A son invitation, Sergiu Celibidache (1912-1996) vient diriger deux concerts.

Il poursuit également une activité de pédagogue et est invité par de nombreux jurys de concours en Roumanie et à l’étranger. Son art de violoniste suscite la composition de plusieurs partitions contemporaines qu’il met à son répertoire.

Ion Voicu s’éteint le 24 février 1997, dans la capitale. Il laisse un grand nombre d’enregistrements, de l'ordre d'une centaine, mais seule une faible partie d’entre eux est disponible. Son fils Mădălin, né en 1952, est aujourd’hui le chef attitré de l’Orchestre de Chambre de Bucarest.

Sources


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