BARTÓK et KODÁLY

Bartók et Kodály Janáček et Bartók

Béla BARTÓK

Bartók est né en 1881 à Nagyszentmiklós, petite ville de Hongrie, aujourd'hui Sânnicolau Mare en Roumanie, où son père était directeur d'une école d'agriculture. Il le perdit très jeune. Sa mère, une institutrice qui jouait du piano, l'éleva avec sa jeune sœur. Après les premières études musicales à Pozsöny, aujourd'hui Bratislava, Bartók poursuivit ses études à l'Académie de musique de Budapest.

Influencé d'abord par Richard Strauss, sa musique se dégage progressivement des formes et des modèles allemands. Il entreprend sa première collecte de musique populaire en 1906 après sa rencontre avec Kodály dont il restera ami sa vie durant. Devenu professeur de piano en 1907, il poursuit une triple carrière d'enseignant, de compositeur et d'interprète. Il effectue de nombreuses tournées dans son pays, en Europe, aux USA, interprétant les grands classiques, Debussy, Kodály et ses propres œuvres. En 1911, l'Allegro barbaro paraît, une courte pièce parcourue par un rythme primitif. C'est également l'année où il compose le Château de Barbe-Bleue, son unique opéra, représenté en 1918.

Plusieurs pièces pour piano naissent (Quinze chants populaires hongrois) dans lesquelles l'influence de la musique populaire hongroise se fait sentir. En 1923, il compose la Suite de danses, premier exemple du « folklore imaginaire ». En 1926, les premières pièces du Mikrokosmos sont écrites par Bartók. En 1929, une très belle Cantata profana voit le jour, inspirée par un conte populaire et irriguée de musique populaire complètement intégrée dans le style personnel de Bartók.

La série de grandes œuvres survient avec, coup sur coup, en 1935, le Cinquième Quatuor à cordes, en 1936, la Musique pour cordes, percussion et célesta, d'une nouveauté inouïe, en 1937, la Sonate pour deux pianos et percussion, une rencontre d'instruments jamais réalisée jusqu'ici, avec une rythmique et des mélodies de timbres inconnues, en 1939 le second Concerto pour violon, tous sommets de la musique du XXème siècle et qui influenceront nombre de compositeurs de la génération suivante, quelle que soit leur nationalité.

Le travail sur la musique populaire hongroise n'a jamais été interrompu, pas plus que l'analyse des musiques populaires des pays voisins, Slovaquie, Roumanie, Serbie, ou plus lointains, l'Algérie, l'Égypte, la Turquie.

Par solidarité avec les musiciens allemands de culture juive que le régime nazi qualifie de musiciens dégénérés et qu'il persécute, Bartók refuse que ses propres œuvres soient jouées en Allemagne et il quitte sa maison d'édition viennoise lorsque l'Autriche, envahie par les troupes allemandes, rejoint le camp du nazisme. En 1940, pour ne pas cautionner le régime hongrois qui se rapproche maintenant du nazisme, il s'exile aux USA où il mourra en 1945. Son Concerto pour orchestre, composé en 1943, demeure une œuvre très jouée et très appréciée.

Bela Bartok et Zoltan Kodaly
Béla Bartók et Zoltán Kodály

Il aura un grande interrogation lorsqu'il apprendra la libération de son pays par les troupes soviétiques dans les derniers jours de sa vie : son pays retrouvera-t-il son indépendance ou sera-t-il de nouveau asservi ?

C'était un homme d'une droiture comme on en rencontre peu et un compositeur qui a su construire son propre langage en s'inspirant des caractéristiques de la musique populaire (gamme pentatonique...).

Zoltán KODÁLY

Il naît en 1882 à Kecskemét, dans la Grande plaine hongroise. Son père, employé des chemins de fer, est muté dans différentes villes, dont Galanta, actuellement en Slovaquie.

Il étudie à l'Académie de musique de Budapest. Très tôt, en 1905, il entreprend des collectes de musique populaire. L'année suivante, il convainc Béla Bartók à faire de même. En France, il rencontre Debussy dont il va retirer les leçons.

Ses multiples activités de compositeur, d'enseignant, de musicologue, de vulgarisateur, de collecteur de musique populaire jointes à sa remarquable longévité - il est mort à l'âge de 85 ans - et à une bonne santé le font considérer par les Hongrois comme le compositeur le plus important de son pays. Il a traversé toutes les crises de son pays, en gardant son indépendance de pensée et d'action. Le régime communiste a pu penser coller une dimension « réaliste-socialiste » à la promotion de la musique populaire par Kodály, mais celui-ci, tenace, a surtout formé nombre de ses élèves aux bienfaits de la connaissance de cette musique, élèves qui ont essaimé dans les villes hongroises les principes de sa méthode pédagogique d'enseignement de la musique, dès le plus jeune âge.

Kodály a créé un œuvre chorale très importante en nombre et en qualité, d'une grande variété : chants de la vie quotidienne, chansons enfantines, chants d'amour, chants d'inspiration religieuse, politique ou historique, chants sur des poèmes de grands poètes hongrois (Tableaux de Matra - 1931 - Ceux qui sont en retard - 1934 - Les filles norvégiennes - 1940 - l'Hymne de Zrinyi - 1954 - pour ne citer que quelques chœurs).

Toute sa vie a été marquée par le grand dessein qu'il considérait comme un devoir de réaliser, une étude scientifique des mélodies populaires de la Hongrie, comme son ami Bartók, mais contrairement à celui-ci, son travail est resté national, alors que Bartók tendait à l'universel.

Zoltan Kodaly en 1956
Zoltán Kodály en 1956

Ses rares œuvres orchestrales rencontrent toujours le même succès : suite de l'opéra Háry János, les Danses de Galanta (1933), le Paon (1938). Le Psalmus Hungaricus (1923) écrit pour le cinquantenaire de la réunion de Buda, Pest et Obuda, témoigne d'une grande richesse musicale et d'une vigoureuse force expressive.

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