Kát'a Kabanová (création)



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Première à Brno Première à Prague

Création à Brno

Dès le printemps 1921, alors qu'il venait de mettre un point final à son sixième opéra, se posèrent pour le compositeur plusieurs problèmes à résoudre. Tout d'abord, un titre à trouver pour cette adaptation de l'Orage d'Ostrowsky. Au terme d'une corrrespondance entretenue  tant avec le directeur administratif de l'Opéra de Prague, Gustav Schmoranz, qu'avec le traducteur tchèque de l'œuvre du dramaturge russe, Vincenc Červinka, il décida de la nommer Kát'a Kabanová. Il savait également qu'il lui faudrait relire son opéra, le corriger, le polir. Son expérience lui enseignait qu'il en viendrait à bout relativement vite. Mais où créer ce nouvel opéra ? Jusqu'à présent, seuls Pocatek romanu (I/3) et Jenůfa (I/4) avaient vu leur première audition à Brno en 1893 et 1904, alors que Šarka (I/1) et Osud (I/5) attendaient toujours une hypothétique représentation tandis que le succès de Jenůfa en 1916 à Prague avait ouvert les portes du Théâtre National à Janáček pour la création des Excursions de M. Broucek en 1920. Mais il n'était pas entièrement satisfait de cette éxécution. Il savait bien qu'il pouvait compter sur le dévouement d'Otakar Ostrčil, le nouveau chef qui avait remplacé Kovarovic. Cependant, il se méfiait du milieu musical de la capitale. L'adhésion à sa musique d'une partie du monde musical lui paraissait suspecte ou forcée après toutes ces années d'indifférence ou d'ignorance, voire d'opposition ou de mépris.

Sans doute, des sentiments contradictoires traversaient son esprit : une création dans la capitale tchèque s'imposait pour le compositeur national qu'il apparaissait maintenant aux yeux de ses concitoyens, mais s'il ne pouvait pas dicter totalement ses choix dramatiques et musicaux, ne s'exposait-il pas à de nouvelles désillusions, voire à de nouvelles vexations ? D'autre part, il savait qu'il pouvait compter chez lui, à Brno, non seulement sur le dévouement de František Neumann, mais également sur sa loyauté. Ces qualités locales contrebalançaient l'absence de création nationale à Prague. Il savait aussi que, maintenant, une création à Brno ne passerait plus pour un évènement provincial et que la critique musicale tchèque, essentiellement basée dans la capitale, serait dans l'obligation d'en tenir compte.

Le 26 avril 1921, le journal Lidove noviny informa que le compositeur venait de terminer un nouvel opéra. Profitant de cette annonce publique, le chef d'orchestre du Théâtre National de Brno, František Neumann s'empressa de demander à Janáček l'exclusivité de la création, brûlant la politesse à d'autres structures. Les dés étaient jetés, Kát'a prendrait vie à Brno. Ce qui n'empêcha pas son auteur d'entretenir une corrrespondance avec O. Ostrčil, le chef de l'opéra de Prague, assurant ainsi ses arrières, sachant qu'une personnalité comme la sienne ne pouvait s'affirmer pleinement qu'en se faisant jouer aussi dans la capitale. Capitale qui assura un an après la création la deuxième représentation de Kát'a. Il se rendit même à Prague en septembre de cette année 1921, manière de pousser les feux…

Le 18 août 1921, il écrivit à Kamila Stösslova : "J'ai eu pas mal de travail. J'ai nettoyé la partition de Kát'a Kabanová. Hier les chefs d'orchestre du théâtre sont venus chez moi, l'œuvre a été jouée, elle a plu. Je verrai bien. Vous préféreriez peut-être venir à la première à Brno ? Ce sera début novembre ici."

Quelques semaines plus tard, il lui adressait un nouveau message en forme de dédicace : "Venez à la première à Brno ; tout porte à croire que ce sera magnifique. Et vous savez que lorsque j'ai fait votre connaissance à Luhačovice pendant la guerre * et que j'ai vu pour la première fois l'amour qu'une femme peut porter à son mari - je me souviens de vos larmes - c'est cela qui m'a fait penser à Kát'a Kabanová et à le composer. Je vous invite donc, maintenant que l'œuvre est achevée." (29 octobre 1921)

* Janáček rencontra pour la première fois Kamila Stösslova durant le mois de juillet 1917 dans la station thermale qu'il fréquentait régulièrement depuis 1903. (Voir situation de Luhačovice)

Malgré ces invitations renouvelées, Kamila resta chez elle, à Písek. La création à Brno se déroula donc sans la présence de cette femme qui prenait de plus en plus d'importance dans la vie et le cœur du compositeur et dans la genèse de ses œuvres.

Il restait au compositeur à régler certains détails et ajustements que nécessitaient les impératifs de la mise en scène et de la musique et ses propres désirs. Une dizaine de jours avant la date fatidique, les dirigeants de l'Opéra de Brno adressèrent ce message au compositeur. "A votre requête, nous avons discuté du décor pour la seconde scène de votre nouvel opéra avec le producteur Vladimir Marek et le décorateur en chef Vladimir Hrska et nous avons conclu qu'il y a seulement vingt secondes pour le changement de décor, temps durant lequel il est impossible d'aménager la pièce autrement qu'avec la soi-disant toile de fond. La même chose arrive dans l'acte 2. Néanmoins, nous avons donné de nouvelles instructions et avons peint des décors supplémentaires qui selon nos opinions devraient tout-à-fait vous satisfaire. En ce qui concerne la disposition symétrique du mobilier à propos duquel vous nous avez entretenu, M. Marek fera son possible pour trouver le temps disponible. Nous sommes persuadés que vous serez satisfait de ces nouvelles dispositions."

Hrska

Vladimir Hrska, le décorateur de la création de Kát'a Kabanová

Sur la scène du Théâtre National de Brno, ce 23 novembre 1921, Kát'a Kabanová prenait vie, dévoilant aux yeux des spectateurs son amour insensé pour Boris pour aboutir au drame final, dans un opéra démontrant la grande maîtrise, l'originalité et le lyrisme singulier de Janáček.

Distribution
Personnages fémininins Chanteuses Personnages masculins Chanteurs
Kát'a
Marie Veselá
Tikhon
Pavel Jeral
Boris
Karel Zavřel
Kabanicha
Marie Hladíková
Dikoj
Rudolf Kaulfus
Varvara
Jarmila Pustinská
Kudrjas
Valentin Šindler
Glaša
Lidka Šebestová
Kuligin
René Milan
Fekluša
Ludmila Kvapilová
Orchestre du Théâtre national de Brno
František Neumann
Mise en scène
Vladimir Marek
Décors
Vladimir Hrska


Vesela-marie

Marie Veselà, créatrice du rôle titre de Kát'a Kabanová
photo dédicacée à Janáček

"au Maître très estimé L. Janacek, en souvenir, Marie Veselà"


Neumann

František Neumann, le chef d'orchestre à qui on doit la création de l'opéra Kát'a Kabanová de Janáček 

Ce chef mérite que l'on s'attarde un peu sur lui. František Neumann (1874 - 1929) naquit à Prostejov. Il se forma au conservatoire de Leipzig durant les années 1896/7. En tant que chef d'orchestre, il effectua son apprentissage en Allemagne à Hambourg, en Autriche à Linz, en Bohème à Liberec et Teplice avant de se fixer à Frankfort sur le Main en Allemagne durant quinze ans de 1904 à 1919. Occasionnellement, il dirigea l'orchestre philharmonique tchèque à Prague. Lorsqu'il prit la direction musicale de l'Opéra de Brno en 1919, dès sa première saison il monta une nouvelle production de Jenůfa. Au cours des saisons suivantes, il assura la création de chacun des nouveaux opéras de Janáček. Il représenta également les opéras de Smetana et parmi ceux de Dvořák, Čert a Káča en 1924, Jakobin en 1925 et Dimitrij l'année suivante ainsi que des opéras de Zdenĕk Fibich, Josef Bohuslav Foerster, Otakar Ostrčil et du jeune Bohuslav Martinů. Cependant sa culture musicale ne se limitait pas à la musique tchèque. Sur la scène du Théâtre National, il mena au succès des œuvres lyriques de Gluck, Mozart, Beethoven, Weber, Rossini, Verdi, Richard Stauss, Puccini, Ravel, Debussy, Krenek,  Falla, parmi d'autres, tandis qu'il inscrivit au programme des concerts orchestraux, l'intégrale des symphonies de Beethoven et une grande partie de celles de Gustav Mahler. Les mélomanes moraves purent également entendre sous sa baguette en 1925 les Gurrelieder de Schoenberg en présence de son auteur. La simple énumération de ces compositeurs suffit à montrer que la capitale morave vivait intensément au rythme de la création musicale contemporaine et honorait les compositeurs qui avaient imprimé leur marque dans l'histoire de la musique. Il ne survécut qu'un an à Janáček qu'il avait tant servi et si bien.

Comment ce nouvel opéra Kát'a Kabanová fut-il reçu par le public et la critique ? Si l'on en croit Jaroslav Vogel, mal. Tout au moins pour la première représentation. Celui-ci écrivit dans son ouvrage à la page 268 (voir Sources) : "Au début, il fut reçu froidement, mais après plusieurs exécutions, l'audience devint de plus en plus enthousiaste…" Pourtant le témoignage de l'écrivain Max Brod, l'un de ses proches et son traducteur en langue allemande, proclame une toute autre vision. Mais a-t-il rapport à l'exécution de la première ou à l'une des suivantes ? Maintenant, donnons la parole à Max Brod, justement, qui publia ses impressions deux ans plus tard : " Pour être honnête, seuls les experts du théâtre de Brno pourraient comparer ce triomphe avec d'autres succès qu'a connu cet endroit. L'opinion générale est que le succès de Kát'a Kabanová fut sans précédent.
Après l'acte I, le public ne s'est pas contenté de rappeler les artistes plus de dix fois sur scène. L'auteur ! L'auteur ! réclamait-il
sans cesse et de bruyante façon chaque fois que le rideau se rouvrait. Enfin Janáček apparut avec ce sourire courtois et tendre sur son grand et doux visage. Quand il salua, ses lèvres remuaient, il sembla qu'il murmurait des mots inaudibles. C'était étonnamment émouvant de voir cet homme âgé, si vigoureux et si plein de jeunesse, sur une scène qui frémissait encore des sons magiques de sa passion.
Cela se reproduisit après chaque acte avec une intensité grandissante. On m'a dit que l'enthousiasme du public de Brno est en général inférieur à celui de Prague. Eh bien, à cette occasion, la chaleur de Brno égala celle de Prague."

helfert

Vladimir Helfert, compositeur et critique

Vladimir Helfert - qui avec ses jeunes collègues Vilem Petrzelka et Vaclav Kapral avait fondé à Brno deux ans auparavant le Club des jeunes compositeurs - rédigea pour l'édition de Moravské noviny datée du 25 novembre 1921 un long article dont voici les extraits les plus significatifs. "Le caractère de la musique de Janáček est ici en fait le même que celui de ses récents travaux. Vital, sauvage, unifié par une fllux d'idées musicales au cours dynamique, irrésistible, puissant, soutenu en même temps par une invention mélodique aphoristique, s'exprimant toujours de manière subtile et soudainement jaillissant d'une source tiède. La caractéristique musicale peut se définir précisément par des traits rugueux et puissants. Il est instructif de voir comment avec sa musique Janáček a été capable de maîtriser la question dramatique. […]

Dans le premier acte, il a été capable de créer une musique dramatique intégrale d'une telle puissance que l'impression en est vraiment inoubliable. L'extase de 
Kát'a, sa confession à Varvara, tout cela déferle inexorablement jusqu'à sa propre requête de préter serment. 

Après le second acte, qui avec ses lyriques demandes s'offre quelques répits et un peu de calme, la dynamique musico-dramatique grandit de nouveau dans l'acte 3 jusqu'à la catastrophe.

Quel dommage qu'après la fascinante gradation du 1er acte, l'acte final n'aille pas plus haut ! Je pense que la raison principale est que la dynamique sauvage du cours musico-dramatique ne peut pas grandir et non pas du tout que la situation dramatique de l'esprit brisé de 
Kát'a ne le permettrait pas. Une gradation dans cette direction ne serait pas possible, mais une autre voie serait possible. Cette véritable catastrophe - la confession publique de Kát'a et la rédemption de son péché par sa propre mort - rend possible un développement musical de la catharsis de l'âme de Kát'a. La musique peut continuer à dire ce que ne peuvent exprimer les mots, exprimant une  sympathie avec une personne malheureuse obstinée enfermée par son énorme amour, cette sympathie et amour pour les autres que peut-être seule une âme slave est capable de manifester. Mais la catastrophe de Kát'a est résolue trop en surface. Janáček illustre trop ses derniers mots, tandis que le spectateur rempli de la tragédie d'un être malheureux aurait préféré entendre la voix de l'âme de Kát'a.

Le lyrisme est la base à partir de laquelle les autres valeurs dramatiques de l'œuvre grandissent. Ici aussi chacun ressent au mieux comment la musique de Janáček vient directement du cœur.
[…] Il reste, fait sans précédent, qu'un compositeur de l'âge de Janáček a encore autant de puissance créative, de tempérament, de vigueur et d'ardente passion. Oui, sa musique est pleine d'ardente passion. Chaque fois que quelqu'un chante à propos de l'amour, à propos du désir, la musique est presque suffocante par le torrent de sentiments qu'elle charrie. Il y a quelque chose de profondément fondamental dans ces situations et chacun sent confusément combien Janáček a créé quelque chose de véridique avec sa musique, toujours vrai pour lui-même, sans compromission. Vous pourriez dire que ces situations ardentes ne sont pas des expressions : une telle musique est écrite avec le sang du coeur. Et à ces pages vous ne pouvez seulement que rendre hommage. La dernière rencontre entre Kat'a et Boris avant la catastrophe est une des plus grandes scènes lyriques.

Dans la sucession des travaux de
Janáček, Kát'a Kabanová est sans aucun doute le point culminant ; il montre de nouvelles facettes du compositeur. Aussi, le fait que la répétition des mots que l'on trouve dans Jenůfa ait diminué et que le texte soit mis dans son expressivité naturelle contribue à la concision dramatique de l'œuvre, laquelle devient l'une des plus remarquables de notre littérature opératique.

L'éxécution de cette œuvre montra une fois de plus l'excellence de notre théâtre local. Ce n'est pas une œuvre facile. Le style propre de Janacek, son orchestration inhabituelle, ses tempos abrupts et les difficultés s'amassant sur la voix humaine, tout cela demande à l'équipe de l'Opéra un considérable ouvrage. Elle les surmonta honorablement, l'honneur revenant au directeur musical, monsieur František Neumann, dont le dur travail et l'habileté artistique fut de nouveau démontrée au grand jour. La première, bien que menacée par l'indisposition de deux solistes se passa sans difficulté.

Le rôle titre, confié à Mme Vesela, fut admirable et complètement satisfaisant. Le Boris tenu par M. Vavrel fut également excellement chanté. Mme Hladikova, la dureté appropriée dans le ton et les mouvements pour Kabanicha, bien que parfois, elle exagéra peut-être, par exemple dans la scène avec Dikoij ou à la fin de l'opéra. Peut-être la production en fut-elle plus responsable qu'elle-même. Dans les autres rôles, Mlle Pustinska s'en est bien tirée ; elle fit de Varvara une fille simple, scrutant le monde avec curiosité et s'avéra capable de tenir son rôle avec une voix plaisante. M. Kaulfuss, en Dikoj, créa un de ses meilleurs rôles. La première fut un évènement heureux et pour notre théâtre représenta un nouveau
succès, bien mérité  qui doit certainement donner satisfaction pour que d'avantages d'œuvres de l'opéra tchèque dans des cas particulièrement difficiles et des temps défavorables soient montées."

Kata-partition-Hrska

Page de couverture de la partition de Kát'a Kabanová illustrée par Hrska

Dans Lidove noviny, un journal que Janáček lisait régulièrement et dans lequel lui-même donnait des chroniques, paraissait le même jour un compte-rendu dû à la plume de Gracian Cernusak.

" La musique de Janáček est en divers endroits d'une efficacité écrasante et jusqu'ici chacun ressent que la source de cette efficacité n'est pas une froide recherche de l'effet réalisé par un compositeur parvenu à la parfaite maîtrise de son métier, mais le résultat d'une volonté d'acier et le sentiment intense d'un musicien qui s'est formé tout seul. […]

Dans les épisodes dans lesquels Kata n'est pas concernée directement,
Janáček est un maître du détail dans la peinture, comme par exemple dans la scène entre Dikoj et Kabanicha qui a l'expressivité saisissante des portraits d'Holbein l'Ancien ou dans la scène délicieuse entre Varvara et Kudrjas, pleine d'épanchements lumineux et de gaieté. Le retour de Janáček vers une mélodie vocale efficace est de plus en plus évident dans Kát'a Kabanová, spécialement dans les scènes lyriques. Ce n'est pas dû à la construction traditionnelle de la mélodie, mais parce qu'une ligne de musique pure ne grossissant pas la stylisation d'un discours parlé reste le médium expressif de la partie dramatique. […]

Il est naturel qu'une œuvre au sujet d'une telle efficacité et si accessible par son expression artistique ait un grand succès, amplifié davantage par le respect fermement enraciné  pour la vie et l'œuvre de
Janáček. Une part non négligeable de ce succès toutefois provient du Théâtre de Brno. Il donna ses meilleures forces dans ce travail et il éleva le niveau de l'éxécution musicale à un point où nous voudrions qu'il se maintienne sans cesse. Ceci s'adresse spécialement à l'excellente interprétation de la partie orchestrale qui dissimule des difficultés si nombreuses et si variées et à la créatrice du rôle titre si considérable, Mme Vesela… Il est évident que le succès complet n'a pu être remporté que grâce à la direction du chef aussi connaisseur du caractère spécial de l'œuvre, aussi persévérant, aussi enthousiaste que le directeur musical František Neumann."
 
Dans son copieux livre de souvenirs (My Life with Janáček), son épouse Zdenka ne délivre aucune impression sur la création morave de Kát'a Kabanová, dernier opéra de son mari dont le titre n'est même pas cité, comme s'il n'existait pas, comme si dans cette nouvelle période créatrice l'existence d'une telle œuvre n'avait aucune importance…

Quatre jours après la création, Janáček, dans son style bien particulier - qu'en Europe occidentale il nous est parfois bien difficile de décrypter - adressa ce court message de remerciements au chef d'orchestre :
"Cher ami,
Nous venons ensemble une nouvelle fois durant un évenement artistique - sans commentaire - juste comme l'eau et la foudre..
L'exécution de Kát'a Kabanová fut l'une de ces rencontres.
Il semble que le temps de Smetana soit en train de renaître ici à Brno.
Puis-je vous remercier, l'orchestre, les chanteurs ?
Nous sommes certainement contents que nous ayons tous progressé chacun dans notre partie, chacun dans notre propre territoire.
Nous pouvons nous féliciter et nous aimer.
A vous et à tous ceux qui se sont investis dans l'exécution de
Kát'a Kabanová.
Votre dévoué."

Le 14 décembre, de sa manière lapidaire habituelle, il écrivait à Kamila  Stösslova : " J'ai eu un succès incontestable avec Kát'a Kabanová. Olomouc, Ljubliana et Prague l'ont tous pris. Reichenberger de l'Opéra de Vienne est venu la voir. Et Le journal d'un disparu avec la jeune bohémienne est aussi populaire."

Si l'intérêt des responsables des opéras de chacune des villes que cite Janáček ne peut être mis en question, des difficultés de tout ordre en repoussèrent les représentations d'une dizaine d'années, sauf à Prague. La diffusion de Kát'a Kabanová en Europe et même en Tchécoslovaquie s'avéra lente.

Joseph Colomb - octobre 2005

Pour l'écriture de cet article, je me suis souvent référé aux informations données par John Tyrrell dans le livre qu'il a consacré à Kát'a Kabanová. (voir Sources). Par ailleurs, la rédaction de cet article n'aurait pas été possible sans les traductions d'écrits tchèques effectuées par Renata Daumas.