La réception française de la musique de
Janáček par les concerts
La réception française de la musique de
Janáček dans d'autres structures
A) Orchestre Lamoureux
Dans le Paris du dernier quart du XIXè siècle,
encore
meurtri par la défaite de 1870 et le siège
éprouvant de l'hiver suivant, la vie musicale renaissait
avec la
création de la Société Nationale
dès 1871
et les organisations de concerts qui prirent rapidement le nom du chef
qui les
dirigeait dont Edouard Colonne en 1873 pour les premiers qui se
consacra essentiellement
à Saint-Saëns, Wagner, Beethoven et surtout
Berlioz.
Confions au grand écrivain Romain Rolland le soin de nous
introduire dans le milieu musical parisien de cette époque.
"Les
concerts Lamoureux ont eu, dès l'origine, un
caractère
assez différent des concerts Colonne. Cette
différence
tenait à la personnalité des deux directeurs.
Elle tenait
aussi à ce que les concerts Lamoureux, quoique
postérieurs de moins de dix ans aux concerts Colonne,
représentaient une nouvelle génération
musicale.
Le progrès avait été
singulièrement rapide
: à peine le riche trésor de la musique de
Berlioz
avait-il été exploré, qu'on se
lançait
à la découverte du monde wagnérien. Il
fallait
là un nouveau guide, ayant une connaissance
spéciale de
cet art, et en général de l'art allemand. Charles
Lamoureux fut ce guide. […] Les exécutions
wagnériennes de Lamoureux comptent parmi les plus parfaites
qu'on ait données du maître de Bayreuth. Lamoureux
avaiit
à la fois un sens de l'unité de l'œuvre
et un douci
minutieux du détail que ne possédait pas,
à un
pareil degré, l'orchestre Colonne. […] Ses
qualités et ses défauts le désignaient
pour
être un interprète excellent pour la jeune
école
néo-wagnérienne dont M. Vincent d'Indy
était alors
le principal représentant en France avec Emmanuel Chabrier.
[…] Ce souci de la perfection a été
gardé
par son sucesseur, M. Camille Chevillard, et son orchestre s'est encore
affiné. On peut dire qu'il est aujourd'hui le meilleur de
Paris.
M. Chevillard se sentait plus attiré que Lamoureux par la
musique pure ; il trouvait avec raison que la musique dramatique tenait
une trop grande place dans les concerts parisiens. […] Nul
ne
dirige mieux à Paris les œuvres classiques,
surtout celles
de pure beauté plastique (comme) certaines œuvres
symphoniques de Mozart ou de Hændel. […]
Chevillard a peu
le sens des œuvres romantiques françaises, de
Berlioz, et
encore moins de Franck et de son école ; il semble n'avoir
qu'une sympathie mitigée pour les courants les plus
récents de la musique française. Mais il comprend
bien
les romantiques allemands, surtout Schumann, pour qui il a une
prédilection : il s'est efforcé, sans y
très bien
réussir, de faire pénétrer en France
Liszt et
Brahms ; il a été le premier chez nous
à attirer
vraiment l'attention sur la musique russe, dont il excelle à
rendre le coloris brillant et fin." (Romain Rolland - Musiciens
d'aujourd'hui - 1908)
Les présentations réalisées, entrons
dans le vif
du sujet. Je me propose d'étudier l'apparition de la musique
tchèque depuis les débuts de l'orchestre
Lamoureux, de fixer le
projecteur sur une courte période de cinq ans 1930 - 1934
afin
d'en tirer les caractéristiques, de sauter jusqu'en 1967
pour
prendre le pouls d'une organisation musicale parisienne et d'examiner
les permanences et/ou modifications des courants qui s'expriment dans
ses programmes.
Tout d'abord, intéressons-nous à la diffusion de
la musique tchèque de 1881 à nos
jours dans le cadre des concerts Lamoureux.
compositeur |
œuvre |
date
de compo-
sition |
année
d'appari-
tion |
occur-
rences |
années
d'exécution |
Antonín Dvořák
(1) |
Danse
slave * |
|
1882 |
2 |
1938 - 1992 - 1998 - |
Sérénade
pour cordes ** |
|
1883 |
2 |
|
Romance
pour orchestre |
|
1888 |
1 |
|
Rhapsodie
slave n° 5 |
|
1891 |
1 |
|
Andante
pour instruments à cordes |
|
1894 |
1 |
|
Concerto
pour violon et orchestre |
|
1897 |
1 |
|
Concerto
pour violoncelle et orchestre |
|
1897 |
10 |
1928 - 1934 - 1939 - 1941 - 1943 - 1979 - 1986 - 1988 -
1994 - |
Symphonie
du Nouveau Monde *** |
|
1906 |
23 |
1906 - 1925 - 1926 - 1930 - 1930 - 1933 - 1935 - 1936 -
1942 - 1944 - 1944 - 1969 - 1970 - 1971 - 1980 - 1983 - 1985 - 1987 -
1990 - 1992 - 1994 - 2000 - |
Carnaval |
|
1907 |
1 |
|
Symphonie
n° 8 en sol majeur |
|
1970 |
4 |
1983 - 1992 - 1995 - |
Stabat
mater |
|
1984 |
1 |
|
Leoš
Janáček |
Mladi |
|
1985 |
1 |
|
Petite
renarde rusée, suite |
|
2003 |
1 |
|
František
Vincenc Kramář |
Octuor
à vents |
|
1981 |
2 |
1982 |
Bohuslav Martinů |
Sonate
pour flûte et piano n° 1 |
|
1988 |
1 |
|
Bedřich
Smetana |
la
Fiancée vendue, ouverture |
|
1891 |
6 |
1905 - 1906 - 1924 - 1932 - 1992 |
Quatuor
en mi mineur (De ma vie) |
|
1896 |
1 |
|
Ma
Patrie - Tabor |
|
1924 |
1 |
|
Ma
Patrie - la Vltava (Moldau) |
|
1933 |
5 |
1933 - 1968 - 1985 - 1995 |
Jaromir Weinberger |
Schwanda |
|
1932 |
1 |
|
* Avec l'imprécision des sources, il n'est pas possible
d'indiquer de quelle danse il s'agit et à quelle
série
elle appartient.
** Sérénade pour cordes le 29 janvier et le 5
février 1883
*** Symphonie du Nouveau Monde le 2 et le 23 décembre 1906,
le
27 et 28 décembre 1930, le 5 mars et 29 octobre 1944,
(1) La diffusion française de la musique de
Dvořák est
remarquablement étudiée - et dans le
détail - par
Alain Chotil-Fani dans son livre à paraître aux
Editions
Buchet-Chastel.
Que conclure à la lecture de ce tableau recouvrant peu ou
prou un
siècle de concerts ? Une double pauvreté. D'un
côté, six compositeurs
seulement témoignent (mal) de la vitalité de la
musique tchèque qui
n'est pas plus reconnue en début du XXIe siècle
qu'elle ne l'était cent
ans plus tôt. De l'autre, à peine 70
exécutions d'ouvrages musicaux ;
si l'on demande à l'outil statistique de mesurer l'audience
de la
musique tchèque, on constate une moyenne de moins d'une
exécution par
an ! Dans cette frondaison, les arbres qui s'intitulent Symphonie du Nouveau Monde
et Concerto pour
violoncelle
(33 interprétations) cachent à eux deux une
forêt musicale tchèque maigrichonne,
résultat de l'ignorance française.
Chronologiquement la présence
tchèque se réduit à trois musiciens
jusqu'aux années 1980, Dvořák,
Smetana et le météore Weinberger qui apparut en
1932 pour disparaître à
jamais. Grâce à la musique de chambre,
Kramář, Janáček et Martinů
survinrent entre 1981 et 1988. Bizarrement, de
Janáček on ne livra qu'une
suite d'orchestre opératique que sa plume
n'écrivit pas et que nous ne
devons qu'aux bons soins du chef Václav Talich (la Petite renarde
rusée) et non l'une de ses œuvres
symphoniques maîtresses Taras
Bulba ou la Sinfonietta.
Passons maintenant à la période 1930 - 1934.
Cette période se caractérise par une forte
activité de créations françaises,
sinon mondiales,
pas moins de 32 œuvres durant ces cinq années. Si
certains
noms de compositeurs ne nous évoquent rien, s'ils ne
réussissent pas à ramener dans notre
mémoire une
mélodie ou un rythme qui nous aurait marqué lors
d'un
concert, d'autres demeurent familiers, Gustav Mahler et Serge Prokofiev
en particulier. Quoi qu'il en soit, l'orchestre Lamoureux dans ces
années-là, non content de porter le patrimoine
musical
légué par des musiciens des siècles
derniers - sur
lequel nous n'insisterons pas - se payait le luxe de
dévoiler
des compositions plus ou moins récentes à
l'attention
de ses auditeurs. Il remplissait un rôle de diffusion de la
musique contemporaine offrant aux compositeurs vivants une tribune.
Quel orchestre actuel pourrait s'enorgueillir d'une telle
réussite dans une mission de défrichage de la
musique
moderne ? Autant l'orchestre Lamoureux durant toute son existence
demeura frileux vis à vis de la musique tchèque,
autant
pendant cette
période d'entre deux guerres, il se montra
généreux envers les
jeunes compositeurs français (et quelques autres hors
hexagone).
Sur
ces trente deux compositeurs, combien ont survécu, combien
voient leur
nom inscrit régulièrement aux concerts de notre
début de XXIe siècle ? Pourquoi actuellement
ignorons-nous quasiment Henri Tomasi, Pierre-Octave Ferroud
ou quelque autre nom de cette liste ?
compositeur |
œuvre |
date
de
création |
compositeur |
œuvre |
date
de
création |
Claude
Guillon-Verne |
Poème
des Iles |
15/11/30 |
Serge
Prokofiev |
Concerto pour
piano n° 5 |
10/12/32 |
Alfred
Bachelet |
Ballade
"Quand la cloche sonnera" mélodie |
3/1/31 |
Emmanuel
Bondeville |
Ophélie,
poème symphonique |
29/3/32 |
Ernest
Chausson |
Le Roi Arthus
- 2è acte |
4/1/31 |
R.
Durant-Farget |
Le
délire de la forêt |
18/11/33 |
Gustav Mahler |
Où
les belles trompettes sonnent |
24/1/31 |
Jules
Mazellier |
Poème
romantique pour violon et orchestre |
14/1/34 |
Florent
Schmitt |
Cinq motets |
7/2/31 |
Eugène
Bozza |
Offrande
lyrique, mélodie |
18/2/34 |
Louis Aubert |
Feuillets
d'images |
7/3/31 |
Adolphe Piriou |
Neiges et
flammes, 4 poèmes pour voix et orchestre |
25/2/34 |
Henri Tomasi |
Six
mélodies populaires corses |
8/3/31 |
Pierre-Octave
Ferroud |
Jeunesse |
3/3/34 |
Armand Abita |
Le baiser de
Cléopâtre, poème symphonique |
28/3/31 |
Paul
Ladmirault |
Valse triste
pour piano |
4/3/34 |
Constantin
Gilles |
Fantaisie
pour piano et orchestre |
29/3/31 |
Emmanuel
Bondeville |
Illuminations,
extraits |
11/3/34 |
José
André |
Impressiones
Portenas |
29/3/31 |
Maurice
Jaubert |
Suite
française |
18/3/34 |
André-Bloch |
Au beguinage |
24/10/31 |
Juan Manen |
Concerto di
camera |
24/3/34 |
Jean
Déré |
Suite
brève et disparate pour violoncelle et orchestre |
20/12/31 |
Abram Chasins
|
Parade
(première en Europe) |
24/3/34 |
Elsa Barraine |
Pastourelle -
Il y a quelqu'un auquel je pense - La lumière |
31/1/32 |
Marcel Orban |
Six
pièces brèves |
27/10/34 |
Alfred
Kullmann |
Triade
symphonique |
28/2/32 |
Alexandre
Tansman |
Concertino
pour piano et orchestre |
28/10/34 |
Brusselmans |
Rhapsodie
flamande |
13/3/32 |
Filip Lazar |
Concerto pour
piano et orchestre n° 3 |
4/11/34 |
Henri Tomasi |
Don Juan
Lépreux |
19/3/32 |
Jean
Françaix |
Concertino
pour piano et orchestre |
15/12/34 |
Terminons l'historique par la période la plus proche de
nous,
celle qui déroule ses programmes de 1967 à
maintenant.
Jusqu'en
2005, 1924 ouvrages furent exécutées suivant les
listes mises
aimablement à ma disposition par Benoît Dumas,
archiviste des Concerts
Lamoureux. Sur ce total, 868 relèvent de la
sphère germanique, 425
dépendent de la France, 226 viennent de Russie et 405
d'autres pays,
dont 34 de Tchécoslovaquie. La répartition de la
programmation de
l'orchestre Lamoureux s'apparente ainsi à quelques nuances
près à celle
que nous avons relevée à Lyon.
Concerts Lamoureux -
saisons 1967/2005 - Fréquence par nations
Dans notre
quête de musique
tchèque et de celle de Janáček, les
Concerts Lamoureux, après avoir ouvert leur porte
à
Dvořák alors que
celui-ci se trouvait en pleine période créatrice
firent
preuve d'une
prudence infinie envers les autres compositeurs tchèques
dont
Janáček. Comment le public parisien ne
fréquentant que
ces
concerts aurait-il pu prendre connaissance de l'œuvre d'un
créateur si
original et si puissant s'il ne se tournait pas vers d'autres
organisations de concerts ?
B) Chœurs et
Solistes de Lyon
Lors de la transformation de la phalange lyonnaise en orchestre de
Lyon, son chef Serge Baudo songea à lui adjoindre un
chœur. C'est à Bernard Tétu qu'il
demanda de
constituer un tel chœur. Mission remplie en 1980 avec les
Chœurs de l'orchestre national de Lyon, composés
de
professionnels et d'amateurs de haut niveau. Cet ensemble dont la
qualité ne cessait de croître se produisit de plus
en plus
souvent de manière autonome, indépendamment de sa
collaboration avec l'orchestre national de Lyon. Ainsi en 1993, ils
changèrent de dénomination pour s'intituler
simplement
Chœurs de Lyon-Bernard Tétu. Ils
possédaient
déjà un riche répertoire qu'ils ne
cessèrent d'agrandir. Il couvrait de larges pans de la
musique française, de Berlioz à Messiaen et
Ohana, en
passant par Fauré, Debussy, Ravel et André
Caplet, un
compositeur ami de Debussy qu'ils ne cessèrent de
défendre, s'illustrant
également dans la musique chorale allemande de Schubert, de
Brahms, et dans les grands oratorios de Bach ou dans le mouvement final
de la 9è
symphonie de Beethoven. Ils ne
négligèrent ni la musique italienne, ni les
œuvres
de Britten, ni celles de Szymanowski.
Bernard Tétu,
(photo V. Dargent)
aimablement communiqué par les Chœurs et Solistes
de Lyon
La rencontre des Chœurs de Lyon avec la musique
tchèque
eut lieu en 1993 à l'occasion de l'exécution du Stabat
Mater de Dvořák. Deux ans plus tard,
ses Duos moraves
entraient au répertoire de la formation chorale. Bernard
Tétu ne tarda pas à découvrir la
transcription
de Janáček pour quatre voix de quelques uns de ces
duos
(1877) et à les soumettre à ses chanteurs. Le fil
conducteur qui achemina Janáček de sa rencontre
avec son
aîné Dvořák et de son adaptation
personnelle de ses
duos moraves jusqu'à sa production chorale propre, le hasard
voulut
que Bernard Tétu le suivit à son tour un bon
siècle plus tard. Ce fil dévidé le
conduisit
à découvrir la partition de la Piste du loup
(1916), puis
l'Elégie sur
la mort de ma fille Olga (1903) et Rikadla (1926).
Il s'en fit l'un des très rares propagateurs
français et
l'un de ses tout meilleurs interpètes qui soutint sans
difficulté la comparaison dans ces pages avec les
chœurs
tchèques tels qu'on peut les connaître par les
enregistrements venant de République Tchèque.
Plusieurs fois, Bernard Tétu concocta un programme original
intitulé "musiques savantes et traditions populaires" dans
lequel Janáček trouva naturellement sa place en compagnie de
pièces vocales de Schumann, Brahms, Moussorgski,
Dvořák,
Stravinski, Bartok, Ligeti et Martinů. Avec ces quatre œuvres
de
Janáček, le chef parcourait les différentes
périodes
créatrices du compositeur morave. Comme
l'activité de sa
formation ne se limitait pas à Lyon, il promena ces
chœurs
de Janáček dans plusieurs villes de France et participa
ainsi
à une diffusion qu'une chorale de ce niveau artistique fut
pratiquement l'une des rares à promouvoir.
Grâces lui en soient
rendues !
date |
lieu |
département |
date |
lieu |
département |
Duos moraves |
Trace du loup |
14/6/97 |
Grenoble |
Isère |
6/7/97 |
Gerberoi |
Oise |
14/5/98 |
Vals
les Bains |
Ardèche |
11/5/98 |
Annonay |
Ardèche |
6/7/2001 |
Chambéry |
Savoie |
12/5/98 |
Lamastre |
Ardèche |
24/2/02 |
Lyon |
Rhône |
13/5/98 |
La
Voulte |
Ardèche |
21/5/02 |
Lyon
* |
Rhône |
19/12/98 |
? |
|
22/5/02 |
Abbeville |
Somme |
24/3/2000 |
Tarbes |
Hautes
Pyrénées |
9/8/02 |
Labeaume |
Ardèche |
16/5/00 |
Epau |
Sarthe |
14/9/02 |
Etampes |
Essonne |
17/5/00 |
Quimper |
Finistère |
|
|
|
18/5/00 |
Lannion |
Côtes
d'Armor |
|
|
|
20/2/02 |
Lyon |
Rhône |
|
|
|
22/5/02 |
Abbeville |
Somme |
|
|
|
9/8/02 |
Labeaume |
Ardèche |
|
|
|
10/8/02 |
Cluny |
Saône
et Loire |
|
|
|
14/9/02 |
Etampes |
Essonne |
|
|
|
19/10/02 |
Pierrefitte |
Seine
Saint-Denis |
|
|
|
24/5/03 |
Roanne |
Loire |
Elégie sur la mort
de ma fille Olga |
Říkadla |
11/5/98 |
Annonay |
Ardèche |
23/01/97 |
Lyon
* |
Rhône |
12/5/98 |
Lamastre |
Ardèche |
11/5/98 |
Annonay |
Ardèche |
13/5/98 |
La
Voulte |
Ardèche |
12/5/98 |
Lamastre |
Ardèche |
19/12/98 |
? |
|
13/5/98 |
La
Voulte |
Ardèche |
24/3/2000 |
Tarbes |
Hautes
Pyrénées |
19/12/98 |
? |
|
16/5/00 |
Epau |
Sarthe
|
24/3/2000 |
Tarbes |
Hautes
Pyrénées |
17/5/00 |
Quimper |
Finistère |
16/5/00 |
Epau |
Sarthe |
18/5/00 |
Lannion |
Côtes
d'Armor |
17/5/00 |
Quimper |
Finistère |
6/5/01 |
St
Léger sur Beuvray |
Saône
et Loire |
18/5/00 |
Lannion |
Côtes
d'Armor |
21/5/02 |
Lyon |
Rhône |
26/10/00 |
Lyon |
Rhône |
10/8/02 |
Cluny |
Saône
et Loire |
14/9/02 |
Pierrefitte |
Seine
Saint-Denis |
14/9/02 |
Etampes |
Essonne |
13/2/05 |
Lyon |
Rhône |
* Bernard Tétu ne dirigeait pas ce jour-là sa
propre
formation au CNSMD de Lyon, mais un ensemble vocal et instrumental issu
de ce
Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon
où il
est professeur de direction.
Le chœur Accentus sous la direction de Laurence Equilbey en
plus
de son activité de création de chœurs
contemporains
garde à son répertoire un certain nombre
d'œuvres
des siècles passés ou récents. Parmi
eux, la
musique chorale tchèque occupe une petite place avec une
œuvre de Dvořák, une de Foerster et six
de
Janáček : l'Elégie
sur la mort de ma fille Olga, Kačena
divoká (le canard sauvage), Hradčanské
písničky (chansons de
Hradcany), Vlci stopa
(la piste du loup), Holubička (la colombe) et Říkadla.
Basé à Marseille, un autre ensemble choral,
Musicatreize
et son chef Roland Hayrabédian, participe à la
création et à la diffusion chorale
française et
étrangère. L'ensemble a inscrit plusieurs
chœurs de
Janáček à son répertoire : Říkadla, Kačena
divoká (le canard sauvage), Elégie sur la mort de
ma fille Olga, entre autres.
Par ailleurs, nous nous devons de signaler un chœur amateur
stéphanois, dirigé par un jeune chef plein
d'avenir,
Philippe Péatier, qui a déjà
chanté un des
premiers chœurs de Janáček, Exaudi deus, en
2004 au cours
de rencontres musicales dédiées à
Dvorak et
à la musique tchèque.
Depuis les tournées de 1908 et 1925 de la Chorale des
Instituteurs
Moraves, une chorale tchèque a-t-elle effectué
une visite
de notre pays en donnant des chœurs de Janáček au
cours de
ses concerts ? Nous devons avouer notre ignorance en cette
matière et remercions par avance les lecteurs qui voudront
bien
nous apporter des informations sur ce sujet. Voir
contact
sur ce site.
C) Festival de
l'Empéri
Parmi les très nombreux festivals de musique
organisés en
France (plus de 600 ! paraît-il), nous en avons choisi un
centré sur la musique de chambre qui, chaque
été,
se déroule dans la cour intérieure Renaissance du
château de Salon de Provence. Pourquoi celui-ci et
pas un
autre ? Contrairement à un certain nombre d'autres festivals
qui
se contentent d'inviter tel artiste dans le programme qu'il a
déjà joué quelques jours auparavant
dans un
château distant d'une centaine de kilomètres et
qu'il
rejouera un peu plus tard dans un autre lieu proche ou lointain, les
instigateurs de ce festival particulier sont
avant tout trois musiciens qui mènent chacun leur
carrière nationale et internationale. Pour le pianiste Eric
Le
Sage, le clarinettiste Paul Meyer et le flûtiste Emmanuel
Pahud,
c'est l'amour de la musique et leur amitié commune qui les
guide
avant tout dans le plaisir musical. Ce qui n'exclut pas la rigueur dans
l'interprétation. Ils
réunissent autour d'eux, chaque été,
une vingtaine
ou une trentaine d'interprètes que l'on retouve sur la
scène chaque soir. Une
atmosphère particulière règne sur ce
festival avec
des concerts qui ne se terminent que rarement avant minuit, avec un
plateau qui se renouvelle tout au long de la soirée, qui se
garnit jusqu'à la dizaine d'artistes ou laisse deux solistes
dialoguer entre eux. Les instruments à vents sont aussi
nombreux
que les cordes et Eric Le Sage cède souvent son tabouret
à d'autres collègues, jeunes comme Emmauelle
Swiercz et Kim Barbier ou
confirmés (Claire-Marie Le Guay, Alexandre Tharaud, Frank
Braley, Huseyin Sermet ou Michel Dalberto).
Quand on examine la programmation riche de treize unités, en
prenant les mêmes critères que pour les autres
sociétés de concert, à
première vue, on ne
perçoit pas de différence, la musique allemande
occupant
le premier rang par le nombre d'œuvres jouées, la
musique
française restant à un pourcentage comparable
à
celui qu'elle occupe à l'orchestre de Lyon par exemple, mais
la musique des
autres nations dont la musique tchèque tient une place non
négligeable. Si l'on examine d'un peu plus près
le
contenu de la programmation, les choses prennent un aspect
différent. En ce qui concerne la musique allemande, par
exemple,
le trio organisateur n'ignore pas les chefs d'œuvres
incontournables de Schubert comme les trios, le quintette La Truite ou
la Fantaisie en fa
mineur pour piano à 4 mains, le Quintette pour piano et cordes
de
Schumann ou celui de Brahms, mais il balaie largement leurs autres
pièces ; il interprète un Beethoven chambriste
avec le quintette
opus 16 et le septuor
opus 20, dans leur version originale ou à travers des
transciptions pour trio, quatuor ou nonette, plusieurs trios, la sérénade
opus 25, mais explore également la musique de chambre de
musiciens peu visités dans ce domaine. Qu'on en juge, de
Hummel à
Wolfgang Rihm, en passant chronologiquement par Weber, Lachner, Thuile,
Richard
Strauss, Zemlinsky, Reger, Hindemith et Korngold, l'éventail
est
riche de découvertes et de surprises !
Festival de musique de chambre de l'Empéri, Salon de
Provence (1993 - 2005) - Fréquence par nations
Les musiciens de
l'Empéri se font un honneur et un
plaisir d'inviter à leur festival chaque année un
compositeur contemporain et à intégrer plusieurs
de
ses pièces à leurs programmes. Philippe Hersant,
Guillaume Connesson, Thierry Escaich, pour n'en nommer que trois,
accompagnèrent les multiples interprètes qui
firent
partager leurs œuvres au public.
La curiosité
et l'intérêt pousse les
organisateurs à puiser dans les autres écoles
nationales
(britannique, américaine, hongroise, finlandaise, italienne,
danoise, argentine, brésilienne) dont 35 compositeurs sont
retenus. Si Bartók est naturellement
présent,
d'autres compatriotes l'accompagnent, Ernö Dohnanyi, Zoltan
Kodaly, György Kurtag, György Ligeti et Sandor
Veress.
Britten n'est pas l'unique représentant britannique, puisque
Holst et Arnold Bax l'entourent. De même, la figure connue de
l'Italien Rossini est escortée par ses concitoyens
Ponchielli,
Bottesini, et pour les contemporains par Rota et Maderna. Soucieux de
mettre en valeur les bois, les chambristes de l'Empéri se
tournent vers l'Amérique du Nord (Barber, Bernstein, Carter,
Crumb, Cage, Chick Corea, Walter Piston) et du Sud (Kagel, Piazzola,
Villa-Lobos)
de gauche à
droite, Emmanuel Pahud, Paul Meyer et Eric Le Sage,
le trio fondateur et
organisateur du festival de l'Empéri, Salon de Provence
photo aimablement transmise par Eric Le Sage
Sur le graphique au dessus, les compositeurs tchèques ont
été séparés des
compositeurs d'autres
nations. Ensemble, ils représentent plus de 26 % de la
programmation des différentes éditions du
festival
chambriste de Salon de Provence. En ce qui concerne la musique
tchèque (31 pièces), un large panorama inclut les
trois
grands noms, Smetana, Dvořák et Janáček,
mais
n'oublie pas les ancêtres, Kramář plus
connu sous
l'écriture germanisée Krommer et Rejcha, pas plus
que Fibich, un
contemporain de Dvořák et deux musiciens du XXè
siècle, Martinů et Schulhoff ainsi qu'un jeune
compositeur
d'une trentaine d'années Krystof Maratka. La large
production de
musique de chambre de Martinů offre d'infinies possibilités
aux
musiciens de l'Empéri qui ne se privent pas de jouer autant
ses
œuvres de jeunesse que de maturité. Dès
les
premières éditions du festival, les
instrumentistes
interprètent de Janáček son Concertino au
langage moderne, hardi et en même temps mélodieux
et son sextuor pour vents Mladi,
ces deux pièces appartenant à sa
période de plein
épanouissement. Ils contribuent ainsi à la
diffusion de
ses ouvrages. De cette façon, le public peut se rendre
compte que le domaine du musicien
morave ne se réduit pas qu'au seul opéra.
Diffusion de la musique
tchèque au festival de l'Empéri de Salon de
Provence (1993 - 2005)
compositeur |
œuvre |
opus |
année
de
compo-
sition |
compositeur |
œuvre |
opus |
année
de
compo-
sition |
Antonín Dvořák |
Sérénade
pour vents et cordes (2) * |
B 77 |
1878 |
|
Poème
pour violoncelle et piano |
|
1994 |
|
Trio en
fa mineur |
B 130 |
1883 |
Bohuslav Martinů |
Quatuor
pour clarinette, cor, violoncelle et tambour |
H 139 |
1924 |
Terzetto
en do majeur |
B 148 |
1887 |
|
La Revue
de cuisine (sextuor avec piano) |
H 161 |
1927 |
Quintette
pour cordes et piano (2) * |
B 155 |
1887 |
Sextuor
pour flûte, hautbois, clarinette, deux bassons et piano |
H 174 |
1929 |
Quatuor
à cordes |
B 162 |
1889 |
Trio
pour flûte, violoncelle et piano |
H 300 |
1944 |
Trio
Dumky |
B 166 |
1891 |
Quatuor
pour hautbois, violon, violoncelle et piano |
H 315 |
1947 |
Zdeněk Fibich |
Quintette pour
clarinette, cor, violoncelle et piano |
42 |
1894 |
Sérénade
pour deux clarinettes et trio à cordes |
H 334 |
1951 |
Leoš
Janáček |
Mladi (sextuor
à vents) |
VII/10 |
1924 |
Nonette
pour vents et cordes |
H 374 |
1959 |
|
Concertino (2) * |
VII/11 |
1925 |
Antonín Rejcha |
Quintette
en mi bémol majeur |
88 |
1811 |
František Vincenc Kramář |
Quatuor
pour basson, deux altos et violoncelle |
|
? |
Erwin Schulhoff |
Concertino pour
flûte, alto et contrebasse |
|
1925 |
|
Quatuor
avec clarinette |
69 |
? |
|
Trio d'anches |
|
|
Krystof Maratka |
Csardas
pour quatuor à cordes |
|
? |
Bedřich Smetana |
Trio pour piano et
cordes |
15 |
1855 |
* Le chiffre
2 qui accompagne ces titres indique deux auditions à
quelques années d'intervalle.
D) Autres lieux
Recenser l'apparition de
la musique
tchèque et de celle de Janáček dans chaque
région
de France, dans chaque ville possédant un
théâtre
d'opéra et/ou un orchestre symphonique ou une salle
dédiée à la musique de chambre serait
une
entreprise
utile qui amènerait des informations enrichissantes. Une
telle
tâche dépasse mes moyens. Cependant, dans
plusieurs
régions, la disponibilité des informations permet
de
mesurer l'apathie devant cette musique des milieux musicaux durant de
longues années et leur
réveil tardif. Le tableau qui suit donne une idée
générale de la réception
très
retardée des ouvrages symphoniques du maître
morave (que
nous pourrions infléchir ou confirmer en étant en
possession d'informations venant d'autres villes).
œuvre |
opus |
date
de
compo-
sition |
lieu |
date
d'exécution |
orchestre |
chef |
Taras
Bulba |
VI/15 |
1915 |
Lille - Seclin - Arras |
8/9/10/11-06-1982 |
orchestre national de Lille |
Hitotaro Yazaki |
Sinfonietta |
VI/18 |
1926 |
Toulouse |
16-05-1996 |
orchestre du Capitole |
? |
Taras
Bulba |
VI/15 |
1915 |
Toulouse |
3-04-1997 |
orchestre du Capitole |
? |
Taras
Bulba |
VI/15 |
1915 |
Lille - Liège |
3/4/5-03-1999 |
orchestre national de Lille |
Stéphane
Cardon |
Petite
renarde rusée, suite d'orchestre ** |
|
1924 |
Toulouse |
9-04-2000 |
orchestre du Capitole |
Alasdair Neale |
Danses
de Lachie |
VI/17 |
1889 |
Toulouse |
31-01-2002 |
orchestre du Capitole |
Walter Weller |
Messe
glagolitique |
III/9 |
1926 |
Lille - Paris |
9/10/11-01-2003 |
orchestre national de Lille |
Jean-Claude Casadesus |
**
Très curieusement, cette suite d'orchestre ne
dépend pas de la volonté du compositeur, mais du
choix du grand chef Václav Talich, comme
nous l'avons déjà souligné
à propos des Concerts Lamoureux.
Plusieurs remarques : la production symphonique de Janáček
est
relativement réduite, dix-huit numéros d'opus
parmi
lesquels plusieurs pièces de danses ne dépassant
pas les
deux ou trois minutes (Požehnaný,
Kosáček,
Kolo srbské…)
et quelques ouvrages anecdotiques (Adagio,
VI/5 et la Suite
tchèque,
VI/9, cette dernière attend toujours un éditeur
!). Si
des orchestres ont bien inscrit ces fameuses pages, Taras Bulba, la
Sinfonietta
et la Messe glagolitique,
ils ignorent d'autres ouvrages
symphoniques comme l'Enfant
du violoneux et la Ballade
de Blanik.
Conclusion générale
Joseph Colomb - décembre 2004
Merci à Mme Pascaline Maugat, directrice de la
communication des Solistes de Lyon-chœurs Bernard
Tétu,
qui a pris le temps de me recevoir et a mis à
ma disposition les archives de sa Société
(programmes des
concerts, extraits de presse, etc…).
Grand merci à Benoît Dumas, archiviste des
Concerts Lamoureux qui m'a communiqué la programmation
complète de la société de concerts
qu'il
représente.
Merci également à Régine Leleu,
assistante
artistique à l'orchestre national de Lille et à
Katy
Cazalot, service de presse du Théâtre et orchestre
national du Capitole de Toulouse pour leur amabilité.